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7 mars 2022

Rencontrer, écouter, discerner – en route sur le chemin synodal

Lettre pastorale pour le Carême 2022

Chères sœurs, chers frères dans le Christ,

Nous voici en pleine phase diocésaine du Synode 2021-2023. Au retour de ma visite Ad limina à Rome, je vous propose, en ce début de Carême, de nous engager ensemble sur la route qui mène à Pâques, et cela dans l’esprit de la synodalité. Le sens de cette expression a été élucidé par notre Pape François en des termes très simples lors de son homélie pour l’ouverture du Synode sur la synodalité à Rome, le 10 octobre 2021 : « Faire Synode » signifie marcher sur la même route, marcher ensemble.

Comment ce chemin se présente-t-il concrètement ? Jetons le regard sur le Seigneur Jésus lui-même, lui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). En union avec le Pape François, nous voulons nous concentrer sur trois verbes concernant le chemin synodal : rencontrer, écouter, discerner.

Rencontrer

Grâce à l’assouplissement des mesures sanitaires, les rencontres sont redevenues plus faciles. Tout en respectant les mesures de prudence qui restent de rigueur – porter des masques et respecter les distances –, nos rencontres se multiplient en famille, au travail et lors de nos activités de loisir. Nous vivons avec le coronavirus, de même qu’avec le virus de la peur et avec celui du découragement. Mais ne laissons pas ces sentiments envahir et déterminer nos vies.

En Église également, les rencontres reprennent leur place. Dans ce sens, le synode est une chance de nouvelles retrouvailles qui nous permettent de prendre conscience de notre cheminement en compagnie de Jésus-Christ. Cela nous donne l’occasion de renouer avec le slogan « Faire Église ensemble » qui a marqué le 150e Anniversaire du diocèse de Luxembourg en 2020. Beaucoup de choses sont restées en souffrance, voire ont disparu, pendant les deux années de pandémie que nous venons de vivre. Il se peut aussi qu’une partie de nos frères et sœurs chrétiens ne retrouvent pas, pour diverses raisons, le chemin de nos célébrations et de nos associations. Que cela ne nous décourage cependant pas de répondre avec enthousiasme à l’appel du Pape François et de nous engager dans le processus synodal proposé. Cela vaut tant pour notre diocèse que pour tous les diocèses du monde. Aujourd’hui plus que jamais, il me semble important d’oser de nouvelles rencontres, de nous écouter les uns les autres, et de discerner avec l’aide du Saint-Esprit quels sont les pas que nous devons faire ensemble, afin de rendre notre Église plus vivante.

Le Seigneur Jésus lui-même a rencontré d’innombrables personnes. Que ce soit le riche qui demande « Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? », ou Bartimée l’aveugle qui désire retrouver la vue, ou encore beaucoup d’autres femmes et hommes qui ont croisé son chemin, portant en eux leurs questionnements ou leurs souffrances.

Parmi toutes ces rencontres, celle avec les disciples d’Emmaüs est l’une des plus belles. Au soir de Pâques, les deux disciples ont quitté Jérusalem, amèrement déçus. Ils avaient espéré que Jésus, qui avait réalisé de si grandes choses, serait celui qui délivrerait Israël. Au beau milieu de leur échange dominé par la désillusion, « Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux  » (Lc 24,15). Voilà qui devrait nous encourager à la rencontre afin de parler de toutes les émotions que nous éprouvons à propos de l’Église : ce qui nous plaît le moins, qui nous déçoit, ou alors ce qui nous élève et nous porte à l’espoir, en passant par nos expériences mauvaises ou bonnes avec l’Église, nos colères à tel sujet ou bien notre gratitude à tel autre – oui, tout devra nourrir nos échanges. Alors nous serons en bonne compagnie, car Jésus sera parmi nous et nous accompagnera sur notre route, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs. En tant qu’Archevêque de Luxembourg, je n’ai pas peur d’écouter toutes les voix, celles qui viennent du noyau de l’Église, celles qui viennent de la périphérie ou de plus loin.

Écouter

La communication entre les personnes n’est pas toujours facile. Un tel exprime une idée, son interlocuteur comprend autre chose. Les experts de la communication pourraient nous apprendre comment mieux nous écouter mutuellement lors de nos réunions ou rencontres.

Le psychologue en communication Friedemann Schultz von Thun en Suisse dit que chaque message présente quatre niveaux : celui du factuel, de l’appel, du relationnel et de la révélation de soi. Pour entendre correctement ce que dit celui qui parle, le destinataire devrait considérer ces quatre aspects. C’est comme s’il devait écouter avec quatre oreilles, chacune captant l’un des aspects mentionnés. À cela il faut ajouter le langage corporel non verbal, la manière dont je dis quelque chose.

Sur la route d’Emmaüs, Jésus a commencé par écouter attentivement. Cléopas, lui reprochant vivement de n’être au courant de rien, lui a alors raconté ce qui s’était passé et comment toutes leurs espérances avaient été brisées. « Le cas Jésus » avait échoué humainement parlant avec sa mort sur la Croix. Après cela seulement, Jésus leur a parlé. Il a tout éclairé d’une lumière nouvelle, de celle du plan de salut divin pour l’humanité, depuis les temps de Moïse en passant par tous les prophètes.

«  Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. »

Jésus a donné suite à leur requête. Il ne s’est pas arrêté aux considérations de fait, à la constatation que la journée baissait, mais primordialement il a entendu leur appel de ne pas les abandonner à leur solitude.

Le troisième aspect de cet échange c’est que les deux pèlerins sont en train d’établir une relation de confiance envers Jésus qu’ils souhaitent ardemment approfondir.

Finalement, leurs paroles contiennent également un message à leur propre sujet. En effet, ce n’est pas seulement la journée qui termine sa course, eux aussi sont à bout de souffle et ont besoin de la présence et du soutien de Jésus. Lorsqu’ils se sont retrouvés ensemble à table et qu’il avait prononcé la bénédiction, rompu le pain avant de le leur donner, leurs yeux se sont ouverts et ils l’ont reconnu.

Discerner

Le troisième verbe concernant le chemin synodal, les disciples l’appliquent lorsque Jésus leur est devenu invisible. Ils regardent en arrière, se souviennent et échangent ces paroles : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route… ? »

Leur décision ne se fait pas attendre : ils doivent faire demi-tour et retourner à Jérusalem, retrouver la communauté des apôtres pour leur faire part de leur expérience avec le ressuscité. « À l’instant même ils partirent. »

Voici donc la démarche fondamentale de notre processus synodal, chers frères et sœurs, démarche à laquelle je vous invite et vous encourage :
Nous écouter mutuellement lors de nos rencontres, Jésus étant au milieu de nous ;
Jeter un regard en arrière sur le chemin parcouru ensemble pour découvrir les moments où notre cœur était brûlant, et où le Saint-Esprit nous a touchés au plus profond de notre être ;
Discerner ensemble finalement quelle est la prochaine démarche à faire afin que notre Église devienne plus vivante.

Avec le souhait que le Synode devienne un succès chez nous à Luxembourg aussi bien que dans l’Église universelle, je voudrais clore par la prière au Saint-Esprit que le Pape François a proposée au lancement du processus synodal :

Viens, Esprit Saint.
Toi qui suscites de nouvelles langues
et mets des paroles de vie sur nos lèvres, 
préserve-nous de devenir une Église-musée, belle mais silencieuse,
avec un grand passé mais peu d’avenir.

Viens parmi nous,
pour que dans l’expérience synodale,
nous ne nous laissions pas envahir par le désenchantement, 
que nous n’édulcorions pas la prophétie, 
que nous ne réduisions pas tout à des discussions stériles. 

Viens, Esprit Saint d’amour,
ouvre nos cœurs à l’écoute.
Viens, Esprit Saint de sainteté,
renouvelle le saint Peuple fidèle de Dieu.
Viens, Esprit Saint créateur,
renouvelle la face de la terre.

Amen.

Luxembourg, en la fête de la Chaire de saint Pierre, apôtre, le 22 février 2022

+ Jean-Claude Cardinal Hollerich
Archevêque de Luxembourg

Lettre pastorale pour le Carême 2022
 
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