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Orientéierungshëllef fir d’Héichpunkten . Repères des temps forts  

Introduction à la Pentecôte

Pentecôte, c’est encore Pâques - et plus que jamais. C’est Pâques à son dernier sommet. Car au dernier jour de la grande fête éclate avec magnificence ce qui s’était accompli dans le divin silence du matin de la Résurrection.

Le « Je viendrai à vous » commence presque discrètement par les apparitions pascales dans la brume matinale enveloppant l’endroit du sépulcre, dans le secret de la chambre haute, au crépuscule du soir à Emmaüs, sur le rivage solitaire du lac, ce « Je viendrai » se réalise maintenant dans le tourbillon et le feu.

Votre cœur se réjouira. Cette joie amorcée à Pâques - encore timidement, ils n’osaient y croire, ils se retranchaient dans leurs maisons - voici que cette joie fuse en un enthousiasme tel qu’on croit les disciples pris de vin.

Vous me verrez vivant et vous connaîtrez (expérimenterez) que je suis à mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous (Jn 14,20). Voilà que cette lente expérience va devenir une foi inébranlable. Les apôtres vont être littéralement « habités », la communauté elle-même et non plus le temple de Jérusalem sera le lieu de la présence divine. Cette foi, cette expérience, cette présence, ils vont les communiquer aux quatre coins du monde.

Après la naissance pascale, voici la maturité spirituelle. Ce qui est né dans les eaux du baptême, la nuit de Pâques, va être, au grand jour, affermi, confirmé dans le feu.

C’est toujours Pâques, c’est l’accomplissement pascal. Et le soleil du matin de la résurrection brille maintenant à son midi.

Inversement, Pâques était déjà une fête de l’Esprit. L’Esprit de Jésus était déjà venu et l’envoi missionnaire déjà ordonné le soir du premier jour (Jn 20,19-22).

Mais comment s’exprimer : Jésus lui-même, le Jésus pascal est un Christ dans l’Esprit Saint. L’Esprit a transformé le corps mortel du Christ en un corps glorifié, ressuscité (Rm 8,11 ; 1 Co 15,45), Jésus est rempli de l’Esprit du Père.

Ne nous imaginons pas l’Esprit à la manière d’un troisième personnage dont on ne saurait le rôle exact, mais comme le feu présent dans le fer rougi. On ne peut prendre un fer rougi sans aussi prendre son feu. De même on ne peut atteindre le Christ sans avoir aussi son Esprit et inversement. C’est donc mal connaître le Christ que d’ignorer qu’il est de feu, qu’il est de l’Esprit. Et comme il est étrange, alors qu’ils sont inséparables, de chercher le Christ en ignorant son Esprit !

Pâques et Pentecôte ne sont donc pas, à proprement parler, deux fêtes différentes, elles célèbrent le Ressuscité transformé par l’Esprit et l’Esprit envoyé par le Ressuscité. Non deux étapes à la manière d’un train qui rejoint des endroits où il n’était pas encore, il faudrait plutôt parler de mûrissement : tout est déjà dans le bourgeon pascal, mais le bourgeon a gonflé, maintenant il éclate.

Cinquante jours pour une seule grande fête pascale dominée par l’Esprit, fête étalée dont c’est aujourd’hui le dernier jour !

Mais un dernier jour qui est, lui aussi, un sommet : « Dieu, tu accomplis le mystère pascal dans l’événement de la Pentecôte » (oraison, messe de la veille au soir). Et l’Eglise, sortie du Christ en croix comme un enfant du sein de sa mère, la voici debout, dans sa mûre jeunesse, déjà le pied sur le seuil pour annoncer au monde les merveilles dont elle a été le témoin.

Cette imbrication de Pâques et de Pentecôte nous aidera à ne pas dissocier le Christ et son Esprit. Comme si le Christ était le Dieu de Pâques et l’Esprit celui de Pentecôte ! Un seul Dieu se manifeste de manières diversifiées, éminemment personnalisées. Le Christ m’envoie son Esprit et l’Esprit me met en communion avec Jésus.

Saint Jean condense le mystère pascal en un seul épisode. Il en a une vue globale, encore plus serrée. Pour lui, tout est accompli déjà sur la Croix (Jn 19,30). Jean voit la Résurrection déjà réalisée avec la mort de Jésus ; avec un de ces jeux de mots dont il a le secret, il dit que le Fils de l’Homme doit être élevé ; ce mot, qui fait penser à l’élévation en Croix, signifie aussi l’élévation dans la gloire, puisqu’alors Il attirera tout à lui (Jn 12,32). Autre mot génial au double sens : Jésus sur la croix remit l’esprit (Jn 19,30.34) : Il remet son esprit au Père, Il donne l’Esprit au monde.

Ici Croix, Résurrection et Pentecôte sont vues comme en un seul acte : pour notre « éducation », saint Luc - et la liturgie avec lui - l’étaient, dans le temps.

Pentecôte - du grec : pentecostè, cinquante - le cinquantième jour après Pâques, était, chez les Juifs, avec Pâques et la fête des Tentes, une des trois grandes fêtes de pèlerinage. Une fête de la récolte du blé, plus tard commémoration de l’Alliance du Sinaï. Certains éléments de la fête juive ont été retenus par la liturgie ; ainsi le thème de l’Alliance, à la messe du samedi soir (2e lecture). Mais, alors que Pâques et Pentecôte n’avaient pas de rapport direct dans le culte juif, la liturgie chrétienne les a unies.

Pendant les premiers siècles, on n’a jamais considéré le jour de la Pentecôte comme une fête à part, mais comme le dernier jour de la grande fête de Pâques. Peu à peu cependant, Pentecôte se détacha du cycle pascal pour constituer finalement, assez tard d’ailleurs, un cycle particulier de huit jours, en imitation de l’octave de Pâques dont elle avait repris certains traits.

La réforme conciliaire a fort heureusement rétabli l’ancien ordre. Le lien avec Pâques est particulièrement visible dans l’évangile du jour qui rapporte une apparition le soir de Pâques.

Quelques-uns déplorent la suppression de l’octave, craignant que la dévotion à l’Esprit Saint y perde encore de son impact déjà faible. C’est oublier que tout le temps pascal est le temps fort de l’Esprit.

Comme les apôtres rassemblés dans la chambre haute, nous voici rassemblés, attendant l’Esprit de Jésus. Le moment est particulièrement solennel. Nous voici Eglise comme jamais, et l’Esprit veut nous le faire devenir encore davantage. L’Esprit veut nous « confirmer », nous affermir, nous unir avant de nous envoyer aux frontières. C’est le maximum de concentration avant le grandiose éclatement.

Nous nous sentons aujourd’hui, plus qu’à l’ordinaire, l’Eglise une et sainte unie et sanctifiée par l’Esprit. Catholique : universelle, composée de ces hommes issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Apostolique : fondée sur le roc des apôtres et, comme eux, envoyée aux quatre coins du monde (première lecture).

Il vient maintenant, pendant cette eucharistie, l’Esprit que Jésus avait promis à la dernière cène, puis communique aux apôtres dès le jour de Pâques (évangile). C’est dans l’eucharistie que nous recevons, avec le plus de réalisme et d’intensité, le « Christ spirituel » : quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint (prière eucharistique III).

L’ayant reçu, vivons-en et développons en nous les fruits de l’Esprit que nous détaille Paul dans la deuxième lecture.

Viens, Esprit Saint Remplis le cœur de tes fidèles (Séquence).

Une de ces liturgies riches et denses qu’il nous faut vraiment « célébrer », vivre intensément, et jusque dans le rouge feu des couleurs liturgiques, la profusion des lumières, le langage des fleurs, les variations du chant tantôt grave, mystique, tantôt impétueusement joyeux, et surtout dans la chaleureuse participation d’un chacun.

René LUDMANN cssr
 
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