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Année B  
3 novembre 2015

La vie offerte (Mc 12,38-44)

Lecture du 32e dimanche selon l’approche de la rhétorique sémitique de Roland Meynet

L’histoire d’une veuve indigente glissant quelques piécettes dans le tronc du Temple, se trouve dans les derniers chapitres de l’évangile de Marc avant la Passion et la Résurrection du Christ.

Deux discours de Jésus encadrent un récit où une pauvre veuve est mise en parallèle avec tous les autres, en particulier les riches. Dans son premier discours Jésus présente les scribes qui exploitent les veuves. Dans la dernière partie, Jésus exprime un jugement sur la valeur de l’offrande de la pauvre veuve par rapport à celle des autres.

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui se plaisent à se promener en longues robes et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières ; ils seront d’autant plus sévèrement jugés ». (12,38-40)

Dans le verset qui précède l’évangile d’aujourd’hui (12,37) Marc dit que la foule « écoutait Jésus avec plaisir ». Les paroles de Jésus s’adressent aux disciples et aux foules. Tous sont invités à se garder d’imiter la conduite des scribes en évitant de se laisser entraîner comme eux dans la vanité, les premières places, l’hypocrisie et la cupidité.

Au temps de Jésus les scribes jouissaient d’une grande considération. Ils étaient spécialistes et interprètes officiels des saintes Écritures. Après de longues études, ils étaient ordonnés scribes, ce qui conférait autorité dans les décisions juridiques, surtout au sanhédrin, où ils siégeaient de droit. Marc dans son évangile a montré amplement le harcèlement dont Jésus a été l’objet de la part de certains d’entre eux, depuis le début de sa vie publique. La méfiance grandissante et la jalousie des scribes contre Jésus s’est peu à peu muée en haine et fait naître en eux l’idée de le faire mourir (11,18.27-28)

Jésus manifeste une grande liberté à leur égard. Il est bien conscient de la haine dont il est l’objet, mais ce n’est pas cela qu’il leur reproche. À ses yeux, il y a de plus grave : « ils dévorent les biens des veuves ».

Jésus s’était assis dans le temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux pièces de monnaie. (12,41-42)

Le personnage de la veuve est, dans la littérature biblique, emblématique de qui n’a rien. À plus forte raison la « veuve pauvre ». Marc le dit trois fois (12,42-43 « pauvre veuve » 2x, 12,44 « indigence »). La preuve de la pauvreté de la veuve est dans l’insistance toute particulière de la loi sur le soutien que l’on doit apporter à la veuve et à l’orphelin, ce qu’un scribe ne peut pas ignorer, lui le spécialiste de la Loi. Et voici qu’une veuve s’avance pour déposer deux piécettes, et c’est elle que Jésus donne en exemple à ses disciples.

Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres. Car tous ils ont pris de leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (12,43-44)

Quand Jésus reprend la parole, c’est seulement à ses disciples qu’il s’adresse après les avoir appelés près de lui. Ils sont appelés à suivre l’exemple de la pauvre veuve, la plus petite de tous, qui, dans sa générosité sans limite, a tout donné tout ce qu’elle avait pour vivre. Si Jésus loue la conduite de la pauvre veuve, c’est qu’il reconnait en elle le modèle du disciple, qui trouve son antithèse dans celui des scribes. La « surabondance » des riches, ceux qui s’enrichissent aux dépens des pauvres et des veuves sans défense, leur vaudra « une plus abondante condamnation ».

La pauvre veuve montre qu’elle aime le Seigneur de toute sa force. Comme l’orphelin qui ne peut compter sur son père pour le protéger, la femme privée de son mari est sans défense devant les prédateurs. Elle ne peut compter que sur le Tout-Puissant, le Seigneur. C’est ce que fait la veuve et c’est pourquoi Jésus la loue. Non seulement elle se confie en Dieu par son offrande, mais elle lui offre tout ce qu’elle a pour vivre, comme si elle signifiait par là qu’il est sa seule richesse, que toute sa vie est entre ses mains. Ayant tout jeté dans le Trésor, elle montre qu’elle est fidèle, plus que tous les autres, au premier de tous les commandements, qu’elle aime le Seigneur « de toute sa force » (12,29).

« L’indigence » acceptée par ceux qui ont tout quitté pour le règne de Dieu est louée par le Seigneur. C’est la voie que lui-même a choisie, et il ne tardera pas à aller jusqu’au bout de la route en donnant sa vie. « Vous connaissez la libéralité de notre Seigneur Jésus Christ, lui qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que vous par cette pauvreté vous vous enrichissiez » (2Co 8,9).

Source : Roland Meynet : L’évangile de Marc. Gabalda et Cie, Éditeurs, France 2014, ISBN 978-2-85021-233-8.

Roland Meynet est professeur émérite de théologie biblique de l’Université Grégorienne à Rome, auteur de plusieurs ouvrages et e.a. directeur de la revue Gregorianum.

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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