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Année C  
3 juin 2016

Jésus, Parole de Vie

Commentaire du 10e dimanche du temps ordinaire (Luc 7,11-17)

Nous retrouvons l’évangile de Luc que nous avions laissé pour entrer en Carême et vivre la longue séquence pascale. La lecture de l’évangile de Luc nous accompagnera jusqu’à la fin de l’année. Le récit que la liturgie de ce dimanche présente à notre méditation est la résurrection du jeune homme de Naïm, une ville de Galilée, à huit kilomètres de Nazareth. En racontant le miracle accompli par Jésus, Luc a voulu suggérer un rapprochement avec la résurrection accomplie par le prophète Élie en faveur de la veuve de Sarepta (première lecture). Jésus agit bien dans la ligne des grands prophètes de l’Ancien Testament mais il les dépasse infiniment. Sa parole fait ce qu’elle dit, elle est efficace, créatrice : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. Alors le mort se redressa ». Jésus est la parole de Dieu, il est Dieu lui-même.

En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme. Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas ». (7,11-13)

Deux cortèges se croisent aux portes de Naïm : le cortège de la vie avec Jésus et ses disciples et le cortège funéraire d’un jeune homme, que selon la coutume on va enterrer en dehors de la ville. Or, l’attention de Jésus se focalise non sur le mort, mais sur sa mère : veuve, privée d’un fils unique (7,12). En Israël la veuve et l’orphelin sont les pauvres parmi les pauvres, des êtres sans personne pour les défendre. Cette femme, cette veuve désormais sans soutien est livrée à une fragilité sociale. Elle a beau être entourée d’une « foule considérable » venue de toute la ville l’accompagner dans son malheur, cette multitude ne fait que renforcer sa solitude. Et elle pleure. Aucune parole ne lui est adressée par ceux qui vont avec elle enterrer son fils, elle ne dit rien non plus. Personne pour demander quoi que ce soit à Jésus, ni elle ni personne de ceux qui l’entourent. Avec la mort, tous sont privés de parole.

Voyant la femme « le Seigneur fut saisi de compassion pour elle » (7,13). Dans cette phrase l’évangéliste nous donne le double témoignage de la puissance et de la tendresse de Dieu. Dans l’Ancien Testament « le Seigneur », c’est Dieu le maître de la vie, c’est aussi le Dieu de tendresse et de pitié. Le livre de l’Ecclésiastique parle de la tendresse toute particulière de Dieu pour les veuves et pour tous ceux qui pleurent : « les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur les joues de Dieu » ? (Si 35,18). Saint Luc donne à Jésus le titre de « Seigneur », celui que les premiers chrétiens décernaient à Jésus-Christ depuis sa résurrection. Et pour dire l’émotion de Jésus, Luc a choisi l’expression : « saisi de compassion ». C’est une expression très forte qui signifie « remué jusqu’aux entrailles ». Jésus est comme surpris par un sentiment, une attitude intime, provoquée par la vue des gens qu’il rencontre.

Jésus s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. (7,14-15)

Seul Jésus brise le silence. Il voit la femme, mais la pitié ne le fait pas pleurer : son cœur lui commande de parler pour arrêter le flot des larmes de la mère et rendre avec la vie la parole au jeune homme (7,15). Jésus inverse le mouvement de la mort à la vie. Il délivre le défunt de la mort de sa propre initiative, le contact est direct à Naïm, « ayant vu » (7,13) et « il toucha » (7,14). La veuve de Naïm ne fait rien, ne dit rien : tout part de Jésus. Il réunit le fils et sa mère. « Et Jésus le rendit à sa mère ». Le fils qui est donné à la veuve ne sera plus le fils selon la chair, mais le fruit de « la visite de Dieu ». La confession de foi des juifs (7,16) suit la résurrection du fils comme sa conséquence. Ils n’ont rien demandé, ils n’ont rien fait, rien dit pour l’obtenir. C’est pour eux le don gratuit, la prévenance de la miséricorde de Dieu qui, en Jésus, les a visités.

La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple ». Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région. (7,16-17)

La parole de Jésus est une parole qui sauve. C’est sur sa parole que le fils se lève et que la mère s’arrête de pleurer (7,13-15). C’est par sa parole que Jésus rend la parole au fils (7,15) et à la foule (7,16) que la mort avait également rendus muets. Tous reconnaissent alors dans la parole de Jésus celle du prophète qui au nom de Dieu proclame le salut. L’épisode de la résurrection du fils de la veuve de Naïm nous montre Jésus proche des pauvres, attentif à la douleur d’une mère, capable comme Dieu de ressusciter les morts. Les assistants ne s’y sont pas trompés : ils sont saisis de cette crainte qu’inspire la Présence de Dieu.

La « visite » de Dieu reprend un thème fréquent de l’Ancien Testament où ce mot de « visiter » qualifie toujours une intervention salvatrice de Dieu. (Jdt 8,33 ; Za 10,3) Au début de son évangile, Luc raconte la « visite » de Dieu : c’est le cri de Zacharie après la naissance de Jean-Baptiste : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple, accompli sa libération, et nous a suscité une force de salut… C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu : grâce à elle nous a visités l’astre levant venu d’en haut. Il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort ». (Luc 1,68.78-79)

L’évangile de ce dimanche nous montre que le salut de Dieu nous vient gratuitement, sans que nous puissions nous prévaloir de quoi que ce soit pour le justifier. C’est à la fin de l’épisode que tous disent : « Dieu a visité son peuple ». Ainsi la foi elle-même est fruit du salut, opération de Dieu en nous et par nous. Dieu nous aime parce qu’il est amour, non parce que nous mériterions d’être aimés. C’est cela que nous avons à accueillir dans la foi. Cet accueil est le seul moyen de laisser cet amour opérer en nous son œuvre de résurrection. Cela vaut pour toutes les situations plus ou moins mortelles que l’existence nous fait traverser.

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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