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Année C  
11 août 2016

L’assomption de la Vierge Marie

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,39-56

À la suite de Marie

Le 15 août nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie. C’est le mystère de la glorification de Marie dans son âme et dans son corps et sa parfaite conformation à son Fils ressuscité. Pour mieux comprendre le mystère de l’Assomption nous ne pouvons parler que par images, rapprochements maladroits et tâtonnements, et quand nous empoyons le mot « Assomption », c’est renvoyer au résultat final d’un processus dans la vie de Marie. C’est pourquoi l’Assomption nous invite-t-elle non seulement à nous réjouir de ce qu’elle soit la première à « avoir part » à la gloire de son Fils ressuscité et à anticiper la fête où le cosmos tout entier sera transfiguré en achevant son mouvement ascensionnel, mais également à fixer notre regard sur le processus qui l’a conduite jusque-là, sur le parcours grâce auquel cette femme a eu part, de façon graduelle et de plus en plus intense, au sort de Jésus. Marie n’est pas seulement sa Mère, elle est aussi sa première et meilleure disciple, en étroite relation avec sa vie et unie à son destin.

La liturgie de ce jour présente à notre méditation le récit de la « Visitation » suivi du « Magnificat ». Marie est l’un des personnage centraux des deux premiers chapitres de l’Évangile de saint de Luc, le prologue théologique à tout cet Évangile.

En ces jours-là Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est beni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Luc 1,39-45)

Il faut donner tout son poids à la phrase centrale de ce texte : « Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint » ; cela veut dire que c’est l’Esprit en personne qui parle pour annoncer dès le début de l’Évangile ce qui sera la grande nouvelle de l’Évangile de Luc tout entier : celui qui vient d’être conçu est le « Seigneur ». Et les paroles que l’Esprit inspire à Élisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (Luc 1,42) veulent dire : Dieu agit en toi et par toi et Dieu agit en ton Fils et par ton Fils. Les paroles : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi » ? (Luc 1,43), ces paroles rappellent l’épisode du transfert de l’Arche d’Alliance à Jerusalem (2 S 6,1-11). Dans ce texte on rencontre des expressions très semblables à celles qu’emploie Luc dans la scène de la Visitation, cadre narratif du Magnificat : « David se leva et partit pour les monts de Juda. » (2 S 6,2) « Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée ». (Luc 1,39)

« David sauta de toutes ses forces devant Yahvé ». (2S6,5) « L’enfant a tressailli d’allégresse en moi ». (Luc 1,44)

« Comment vais-je porter chez moi l’Arche de mon Seigneur » ? « Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur » ? (Luc 1,43)

« Yahvé bénit Obededom ». (2S6,11). « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est bén ». (Luc 1,42)

« L’Arche de Yahvé resta trois mois chez Obededom le Guitite ». (2S6,11) « Marie resta avec Élisabeth environ trois mois ». (Luc 1,56)

Ces textes sont trop proches pour que ce soit le fruit du hasard. Luc nous donne de contempler en Marie la nouvelle Arche d’Alliance. Or, l’Arche d’Alliance était le lieu de la Présence de Dieu. Marie porte donc en elle mystérieusement cette Présence de Dieu : désormais Dieu habite notre humanité : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean1,14). Tout ceci grâce à la foi de Marie. Élisabeth lui dit : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Luc 1,44)

Marie est au contact de la vérité de son Fils seulement dans la foi et par la foi. Elle est dite bienheureuse parce qu’elle a cru et parce qu’elle croit chaque jour (saint Jean-Paul II). Marie a fait sa démarche d’acquiescement au message de l’Ange dans l’obscurité de la foi et à ce titre elle reste pour nous un modèle incomparable. Luc insiste à plusieurs reprises sur le fait qu’elle « n’a pas compris », qu’elle était « frappée d’étonnement » (2,48), qu’elle « ne comprit pas ce qu’il leur disait » (2,50), et c’est précisément que son attitude est de méditer dans son cœur le sens des événements (2,51). L’évangéliste utilise le mot symballo, verbe grec qui signifie « réunir ce qui est dispersé », « confronter », « symboliser ». C’est cela que faisait Marie : tout ce qui était étrange chez son fils, elle le confrontait dans son cœur avec la Parole qu’elle avait entendue, elle le ruminait, le repassait jusqu’à ce que sa foi soit capable de l’intégrer et de l’accepter… En regardant Marie dans son « assomption » nous sommes appelés à considérer les étapes oú elle a conçu sa communauté de vie avec Jésus. Á chacune de ces étapes, la meilleure disciple a appris à comprendre ce qu’était le Royaume et à se passionner pour lui. Bien des choses étaient incompréhensibles dans la vie de son fils : une naissance à la belle étoile, une enfance et une jeunesse cachées, les commencements d’une prédication insolite, les guérisons, les affrontements, l’enthousiasme inconditionnel de ses disciples, le tourbillon de haine de ses détracteurs qui l’entraînera jusqu’à la mort. Cela a supposé pour Marie la découverte étonnante que ce fils ne lui appartenait pas mais qu’il était au Père du ciel et à ses affaires, que sa mère et ses frères étaient aussi bien ceux qui se serraient autour de lui pour l’écouter. Cela impliquait pour elle de s’habituer à ses choix exigeants et irrévocables, à son obéissance radicale, à ses promesses audacieuses, à son amour démesuré jusqu’à la fin. Jésus et son Royaume ont peu à peu, et tout au long de sa vie, « accaparé » Marie ; et ce que nous célébrons aujourd’hui, c’est le succès final d’une œuvre à laquelle elle a consenti et collaboré, jusqu’à pleinement s’y engager.

En guise de réponse aux paroles d’Élisabeth, Marie entonne le Magnificat. Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur »Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. (Luc 1, 46-56)

La louange de Marie éclate au présent, elle « magnifie » celui qui l’a sauvée, qui l’a libérée de son abaissement (Luc 1,46-48). Elle ne s’adresse pas directement au Seigneur ; elle proclame sa joie, son exultation, pour ce qu’il a fait en sa faveur. Son chant est adressé depuis le début à toutes les générations (Luc 1,48). La louange présente de Marie résonne dans l’avenir pour toujours, emplissant le temps et l’espace, tout au long de tous les âges, parmi toutes les nations. Cependant Marie n’a pas inventé les mots de sa louange. Pour exprimer son émerveillement devant l’action de Dieu, elle a tout simplement repris le phrases prononcées par ses ancêtres dans la foi. Nous retrouvons dans la prière de Marie les grands thèmes de la prière biblique : la joie de la foi ; la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance ; l’action de grâce pour l’œuvre de Dieu ; la prédilection de Dieu pour les pauvres et les petits. Marie, pleinement accordée aux mouvements de l’Esprit Saint, a pris l’habitude de conserver en son cœur et de scruter humblement toutes les paroles de Jésus, pour en nourrir sa vie et y découvrir sa route. Elle a ainsi fixé l’attitude qui demeurera celle des disciples de Jésus dans l’Église au long des siècles, vivant et marchant les yeux attachés à l’Évangile du Seigneur. Pour être à notre tour fidèles à Marie, dociles à l’Esprit qui la guide, le moyen est de retrouver la méditation de Marie, d’entendre résonner en nous les mots qu’elle entendit, de nous laisser pénétrer par les paroles qui l’occupèrent.Tout le mouvement de son cœur a été de s’ouvrir sans réserve à ces mots, d’en faire la loi de son existence. Jamais occupée de ses propres secrets, elle ne cherche qu’à écouter Dieu. Sachons le louer et l’écouter avec elle.

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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