La venue du Fils de l’homme (Mc 13,24-32)

En ce dimanche, avant-dernier de l’année liturgique, nous méditons les v. 24-32 du chapitre 13 de l’évangile de Marc. Tout au long du chapitre 13, les disciples sont « mis en garde » contre ce qui ne manquera pas de leur arriver. Ce ne sont pas seulement les inévitables catastrophes qui toucheront tout le monde, mais surtout les persécutions qui ne manqueront pas de les atteindre en tant que disciples de Jésus, ce qu’ils auront à souffrir « à cause de son nom ». Ce qui est annoncé c’est la fin des disciples, leur passion et leur résurrection (13,13). Mais avant cela, ils continueront avec l’aide de l’Esprit Saint, la mission de leur maître quand il ne sera plus là, parce que lui le premier, aura été mis à mort et sera ressuscité.

Dans le texte d’aujourd’hui (13,24-32), Jésus emploie un langage étrange et déroutant pour annoncer sa venue. Ce langage était déjà présent dans l’Ancien Testament et employé par les prophètes.

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées » (13,24-25).

Ce qui est annoncé dans les deux premiers versets renverse ce que le Seigneur fit le quatrième jour de la création (Gn 1,14-19) ; soleil, lune et étoiles servant à marquer les jours et les années, leur disparition indique la fin du temps, le terme de la création. Tels sont les signes de la venue du « Jour de Yhwh », c’est-à-dire du Grand jour de Dieu, comme l’avaient annoncé les prophètes. (Is 13,10 ; Jl 2,10-11).

« Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel » (13,26-27).

La venue du Fils de l’homme est annoncée dans l’Ancien Testament par le prophète Daniel : Je contemplais, dans les visions de la nuit : Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera pas détruit (Dn 7,13-14).

La puissance et la gloire du Fils de l’homme se manifesteront. Le soleil et la lune, les étoiles et toutes les puissances des cieux s’éteindront pour laisser briller la puissance du Fils de l’homme, quand il viendra sur les nuées du ciel. Le Fils de l’homme est la seule lumière véritable, unique flambeau définitif.

Les disciples se réjouiront, premiers parmi les élus de Dieu à être rassemblés par le Fils de l’homme, leur maître, venu « avec grande puissance et gloire » (13,26-27), mais auparavant ils devront subir la persécution au nom de Jésus.

Les anges de Dieu seront les serviteurs du Fils de l’homme pour le rassemblement général des élus. L’expression « depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel » (13,27), montre bien que la gloire dont le Fils de l’homme sera revêtu, la puissance qu’il exercera s’étendra sur la terre comme au ciel, sur l’ensemble de la création.

« Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ». (13,28-30)

Quand la saison des figues est sur le point d’arriver, cela signifie que le temps du retour du Seigneur, celui des fruits, ne manquera pas d’arriver. Ce temps arrivera pour la génération présente qui est celle des auditeurs de Jésus, les disciples, et aussi pour le lecteur d’aujourd’hui.

« Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connait, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père » (13,31-32).

Le temps est proche, personne ne sait le jour ni l’heure. Dieu seul le sait. S’il est une chose certaine, c’est que nous mourrons. Mais personne ne peut prévoir le jour et l’heure de sa propre mort. D’où la nécessité de veiller pour être prêt à ouvrir quand le moment sera venu, quand le maître frappera à la porte.

Nous ne sommes pas privés de toute connaissance. C’est pourquoi il est bon de se mettre dans la condition du veilleur, dans l’attitude de l’attente et de l’espérance. Tout disciple est invité à ne pas s’inquiéter mais à s’abandonner au « Père » en ce qui concerne le jour et l’heure de la venue du Fils de l’homme (13,32). L’abandon est un autre nom de la foi.

Le Père, le Fils et L’Esprit Saint sont présents et agissants dans le monde et dans l’histoire. Le Père a la préséance, puisque le Fils (13,32) lui-même ne connait ni le jour ni l’heure. C’est du Père que le Fils de l’homme tient « grande puissance et grande gloire » qui lui permettront de rassembler des quatre vents « les élus » (13,27). Quant à l’Esprit Saint, c’est celui qui donnera de témoigner à ceux qui seront persécutés « à cause du nom » du Fils et qui « seront sauvés » par Dieu le Père (13,13).

Source : Roland Meynet : L’évangile de Marc. Gabalda et Cie, Éditeurs, France 2014, ISBN 978-2-85021-233-8.

Roland Meynet est professeur émérite de théologie biblique de l’Université Grégorienne à Rome, auteur de plusieurs ouvrages et e.a. directeur de la revue Gregorianum.