Klibberen : quand les crécelles remplacent les cloches

Chaque année les cloches des églises se taisent à partir du Gloria du Jeudi saint jusqu’au Gloria de la nuit pascale. Signe de deuil, leur silence accompagne la célébration de la mort du Christ et de sa descente aux enfers. Mais parce qu’il faut bien appeler les fidèles à la prière, les servants d’autel les remplacent et parcourent les rues des villes et des villages en faisant résonner le « clac clac clac » rythmique et sinistre de leurs crécelles. À 7 heures, à midi et à 19 heures les paroissiens sont ainsi incités à abandonner brièvement leurs occupations pour prier l’Angélus, courte prière à la Vierge Marie.

Inscrite sur la liste du patrimoine culturel luxembourgeois le 20 décembre 2022, le Klibberen est une tradition bien vivante au Grand-Duché. Difficile de faire le compte de tous les participants, qui varient d’année en année en fonction du nombre de servants d’autel ou d’enfants disponibles, mais il semble que plus de la moitié des paroisses organise cette année encore des tournées, souvent en lien avec l’école primaire et la commission culturelle de la commune. À Sandweiler ils seront une trentaine cette année ! Mais pour « claquer », encore faut-il avoir des crécelles et les magasins qui les proposaient ont arrêté de les commercialiser. Confrontés à une certaine pénurie, les Lëtzebuerger Massendénger (servants d’autel luxembourgeois) ont pris la décision, l’année dernière, d’en faire fabriquer. Le menuisier du centre pénitentiaire de Schrassig a relevé le défi et a fabriqué soixante-dix instruments. Grand succès ! Il n’en reste aujourd’hui plus qu’une douzaine. Deux instruments ont même été achetés en avance, pour l’année prochaine, pour des enfants qui sont encore trop jeunes pour participer cette année.

Pour la dernière tournée du samedi, vers midi, chaque groupe décore un petit chariot destiné à récolter des friandises ou quelque monnaie que les enfants se partageront ou donneront à des associations caritatives. À Betzdorf, les habitants ne pourront pas dire qu’ils ne les ont pas vu ou entendu : grâce à la complicité d’un jeune agriculteur, les servants d’autel seront, samedi à midi, escortés d’un vrai tracteur !