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Année C  
8 juillet 2016

Un problème existentiel

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 10,25-37

Dans l’évangile de ce dimanche 10 juillet nous pouvons admirer l’audace de Jésus, qui ose prescrire à un docteur de la Loi d’imiter un Samaritain. Avec le « bon Samaritain » une porte s’ouvre toute grande : le prochain peut être n’importe qui sans distinction de proximité géographique, de parenté, de race, de religion etc. En racontant la parabole Jésus décrit ce qu’il fera lui-même pour nous. Par sa vie, sa mort et sa résurrection, il s’est fait proche de tout homme et en l’aimant « jusqu’au bout » (Jn 13,1). Il nous a manifesté cet amour qui permet d’accomplir la Loi, et c’est ce qui est devenu un commandement nouveau : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». (Jn 13,34)

En ce temps-là, un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même ? Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. » (10,25-28)

Le légiste, c’est-à-dire un docteur de la Loi se dresse « pour tenter Jésus » (10,25). Le spécialiste de la Loi veut éprouver les connaissances et l’orthodoxie de celui qui enseigne sans avoir comme lui le titre requis et sans avoir reçu aucun mandat officiel. Mais Jésus répond à sa question par deux autres questions, et voilà celui qui voulait jouer au maître qui doit répondre comme un élève. (10,27) C’est lui qui passe l’examen devant celui qu’il voulait mettre à l’épreuve. Et c’est Jésus qui juge de sa compétence : « Tu as bien répondu » (10,28) : et qui répond en maître qui ordonne : « Fais ainsi et tu vivras ».

Celui qui se lève pour questionner Jésus est un homme versé dans la connaissance de la Loi. Jésus le renvoie à sa compétence de légiste. La réponse à la question qu’il pose à Jésus ne se trouve-t-elle pas dans la Loi qu’il sait par cœur ? Les paroles qu’il cite (10,27) résument à merveille les deux tables de l’unique Loi : l’amour de Dieu et du prochain. Il avait donc bien en lui-même tout ce qu’il fallait pour répondre à sa question.

Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit, il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et pris soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : ´Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai´. Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. » (10,29-37)

Avec la deuxième question (10,29) le docteur de la Loi demande à Jésus de préciser l’objet de l’amour qui lui est ordonné. Jésus lui demande au contraire d’identifier parmi les trois personnages, du prêtre, du lévite et du Samaritain, le sujet de l’amour. Jésus aurait pu le renvoyer de nouveau à l’Ecriture. La réponse à sa question s’y trouve clairement énoncée : l’amour doit comprendre l’étranger comme le frère, le païen comme le juif, tous deux à traiter comme soi-même (Lv 19,18 ; 19,34). Mais Jésus veut lui faire comprendre que le problème n’est pas là. Le problème n’est pas un problème théologique, il est existentiel. Toi, légiste, vas-tu être prochain de l’autre ? Du début à la fin Jésus le renvoie à lui-même et à son faire : « Fais cela et tu vivras » (10,28) ; Vas et fais de même ! » (10,37).

Le problème n’est pas de savoir qui est blessé et qui sont ceux qui l’ont dévalisé et roué de coups. C’est « un homme » qui est à moitié mort et qui a besoin d’un autre homme qui le sauve. Le problème est de savoir qui va le sauver. Il n’y a pas de païen parmi les trois candidats sauveteurs, mais trois sujets de la Loi. Le prêtre et le lévite se rangent du côté des brigands. Ils se font leurs complices : comme eux, « ils s’en vont » (10,30-33), « le laissant à moitié mort ». Ils sont également imputables de non-assistance à personne en danger. Le Samaritain, hérétique et schismatique, rejeté par les juifs, aime le blessé comme lui-même : il paie de sa personne, de son vin et de son huile, de sa monture et de son argent (10, 35). Alors que prêtre et lévite s’identifiaient aux brigands, le Samaritain fait tout ce qu’il faut pour lui sauver la vie. Aimer son prochain, c’est l’aider à vivre, lui donner les moyens de vivre. Jésus nous invite, nous aussi, comme le docteur de la Loi, à « faire de même ». Et saint Paul nous dit : « Ayez entre vous les mêmes attitudes qui furent celles mêmes de Jésus-Christ » (Ph 2,5). L’Esprit qui nous est donné peut faire de nous le prochain de tout homme blessé.

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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