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24 avril 2018

Fallait-il changer le « Notre Père » ?

La nouvelle traduction de la 6e demande - Lisez le texte intégral de la conférence du Frère Henri Delhougne le 20 avril 2018 à la Cathédrale

Au cœur de la prière chrétienne resplendit, dès les origines, la formule donnée par Jésus à ses disciples, le « Notre Père », principalement celle de l’évangile de Matthieu au chapitre 6. La formule plus courte de l’évangile de Luc (chap. 11) n’est guère utilisée en dehors du Lectionnaire de la messe.

Le titre de cette soirée est « Fallait-il changer le ‘Notre Père’ ? ». Dans la nouvelle traduction française, la seule chose qui ait changé est la sixième demande. C’est sur elle que nous concentrerons donc notre réflexion. Les autres demandes seront certainement méditées au cours de l’Octave qui a pour thème le Notre Père.

1. Coup d’œil sur la traduction de la 6e demande avant 1966

La nouvelle formulation modifie le texte qui a été promulgué en 1966. Mais il est intéressant de jeter un coup d’œil sur les traductions antérieures à 1966. Au long des siècles, chaque chrétien a fait sienne cette prière, et cela dans les diverses langues des régions où s’est répandu l’Évangile : la Palestine d’abord, où la langue usuelle était l’araméen et non plus l’hébreu ; mais où l’on pratiquait aussi la langue grecque, et où le latin était la langue de l’occupant romain. Un indice de l’importance de ces trois langues se trouve dans l’inscription trilingue placée sur la croix de Jésus : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs », à propos de laquelle l’évangile de Jean précise : « Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu (c’est-à-dire très probablement en araméen), en romain (c’est-à-dire en latin) et en grec » (Jn 19,20).

Par la suite, les traductions de la Bible et les liturgies se développèrent principalement dans ces trois langues – ce qui a perduré jusqu’à notre époque dans les liturgies grecque, latines, et syriaques – le syriaque étant une forme d’araméen. Puis vinrent les traductions dans beaucoup d’autres langues.

En français [1], autour de 1400, le chancelier de l’Université de Paris, l’ardennais Jean Gerson, traduit : « Et ne souffre pas que nous soyons vaincus en tentation. Mais garde-nous du mal ». En 1541, le Réformateur Jean Calvin traduit : « Et ne nous induy point en tentation. Mais délivre-nous du mal. » La Bible du catholique janséniste Lemaistre de Sacy traduit vers 1670 : « Et ne nous abandonnez point à la tentation ; mais délivrez-nous du mal. » Au XIXe siècle, la Bible du chanoine Crampon († 1894), la première Bible catholique française traduite sur les textes originaux, portait dans l’édition de 1928 : « Et ne nous induisez point en tentation, mais délivrez-nous du mal. » La même année, dans la Bible du Centenaire, le théologien protestant Maurice Goguel propose « ne nous soumets pas à la tentation » ; il est le premier à le faire [2]. Car la Bible protestante classique de Segond porte en 1910 et encore en 1944 : « ne nous induis pas en tentation ». En 1964 cependant (sauf erreur), la Bible de Segond traduira « ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mauvais » ; mais ce fut passager. La Bible de Jérusalem, dans l’édition de 1955, traduit : « Et ne nous soumets pas à la tentation ». Plus tard, la Bible (catholique) de Mélan en 1975, version Osty – Trinquet, sera la première, semble-t-il, à traduire : « et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mauvais ! »

Cela, ce sont des textes pour la lecture personnelle ou l’étude. Mais quel était l’usage liturgique ? Pour la liturgie catholique jusqu’à Vatican II, c’était le latin « et ne nos inducas in tentationem ». En dehors de la liturgie, on disait, en France : « et ne nous laissez pas succomber à la tentation ; mais délivrez-nous du mal », conformément à ce qui était prescrit dans le Catéchisme national de France, en usage jusqu’en 1966, formule dont j’ai lu quelque part qu’elle figurait déjà dans le Catéchisme publié sous Napoléon ou même dans les Catéchismes jansénistes. Mais on sait moins qu’en Belgique, le texte était différent ; un mandement de l’épiscopat du 20 mai 1942, en usage jusqu’en 1966, avait prescrit : « et ne nous laissez pas tomber en tentation ; mais délivrez-nous du mal. » C’est la formule de mon enfance !

2. La traduction liturgique et œcuménique de 1966

Le 4 janvier 1966, un bref communiqué annonçait qu’une nouvelle traduction du Notre Père venait d’être adoptée par les diverses Églises et Confessions de France. « Ainsi, déclarait le communiqué, dans une commune recherche de l’unité voulue par le Christ, tous les chrétiens pourront dire ensemble la prière que leur unique Seigneur leur a enseignée [3]. » C’était une grande première dans l’histoire mouvementée des Églises chrétiennes divisées entre elles. Mais cette innovation avait été préparée par une évolution des mentalités.

Le 21 novembre 1964, fut promulgué le décret de Vatican II sur l’œcuménisme, dans lequel le concile disait aux catholiques : « Aux fautes contre l’unité peut aussi s’appliquer le témoignage de saint Jean : ‘Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n’est pas en nous’ (1 Jn 1,10). Par une humble prière, nous devons donc demander pardon à Dieu et aux frères séparés, de même que nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés [4]. »

Les sensibilités avaient donc changé et il était devenu évident aux yeux de beaucoup que, pour pouvoir prier en commun le Notre Père, il fallait disposer d’une traduction commune aux Églises [5].

Dès le mois de mai 1964, avec l’accord des autorités compétentes, une « Commission mixte (composée de catholiques, orthodoxes et protestants) » avait été constituée, qui devait « étudier la question et trouver un accord [6]. » J’ignore quels en étaient les membres [7]. Seuls deux d’entre eux me sont connus : le P. Jacques Dupont, bénédictin belge († 1998), et le Pasteur Pierre Bonnard, suisse, professeur à Lausanne.

Diverses autorités ecclésiastiques, luthériennes, réformées et orthodoxes donnèrent leur accord de principe et approuvèrent le texte. L’approbation des évêques catholiques francophones fut donnée également et le Siège apostolique confirma cette approbation le 20 décembre 1965 [8]. La formule « et ne nous soumets pas à la tentation » fut approuvée par presque 85 % des évêques de France (Florian Michel [9]). La nouvelle version du Notre Père entra dans la liturgie catholique de France à la messe de la Veillée pascale de 1966. Il y a donc cinquante-deux ans.

Un article commentant la nouvelle version du Notre Père fut publié par les deux membres de la Commission cités plus haut, le P. Jacques Dupont et le professeur Pierre Bonnard [10]. On y trouve une réflexion sur la traduction retenue : « Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal. » L’article commence par remarquer qu’en réalité, ces deux demandes n’en forment qu’une seule, exprimée d’abord négativement, puis positivement, ce qui permet de les éclairer l’une par l’autre. La traduction « et ne nous soumets pas », qui va susciter une insatisfaction persistante, est justifiée assez rapidement. Il est dit que « le verbe [grec] eisphérô signifie étymologiquement ‘porter dans’ [11] » (traduction qu’on peut adopter dans He 13,11 et Lc 5,18-19). « En fait, cependant, ajoute Dupont, la nuance contenue dans phérô, ‘porter’, est le plus souvent négligée ; dans la Bible grecque, eisphérô correspond généralement à ‘faire entrer’ (hiphîl de bô’), par exemple à propos de personnes qu’on ‘fait entrer’, qu’on ‘introduit’ dans une maison. L’emploi de ce verbe suppose ici qu’on se représente la tentation comme un lieu dans lequel Dieu nous introduirait [12]. » Il n’y a pas d’autres justifications données à la traduction « ne nous soumets pas », sinon le fait que « les traductions récentes [13] rendent bien le sens du texte et lui gardent sa force en disant : ‘Ne nous soumets pas à la tentation’ [14]. »

En réalité, il y eut de multiples divergences dans la commission et parmi les personnes consultées à ce propos. Ces divergences sont évoquées dans l’intéressant ouvrage de Florian Michel, paru en 2013 sous le titre : Traduire la liturgie : Essai d’histoire [15], à partir des archives.

3. Contestation de la traduction liturgique et œcuménique de 1966

La traduction de janvier 1966 était donc : « Et ne nous soumets pas à la tentation ». Dès le début, elle fit difficulté. Il y eut des controverses dès 1966. J’ignore s’il y a eu des débats sur cette traduction du côté protestant. Du côté catholique, en tout cas, la polémique a fait rage. Un certain nombre de personnes étaient scandalisées par cette formule qui semble supposer que Dieu puisse tenter l’homme, le pousser à faire le mal, alors que c’est le diable qui se charge normalement de cette opération. Le texte le plus souvent cité pour disculper Dieu de toute action tentatrice est la lettre de Jacques qui déclare : « Dans l’épreuve de la tentation [16], que personne ne dise : ‘Ma tentation vient de Dieu [17].’ Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit » (Jc 1,13-14 ; trad. TLB 2013).

Jean Carmignac

Le ténor de la contestation fut l’abbé Jean Carmignac († 1986). Dès 1965, peu avant que la nouvelle traduction ne soit rendue publique, ce spécialiste de Qumrân publie dans la Revue biblique un article dont le titre exprime la thèse : « ’Fais que nous n’entrions pas dans la tentation’. La portée d’une négation devant un verbe au causatif [18]. » Le grec n’étant pas la langue originale des paroles de Jésus, Carmignac argumente à partir du substrat hébreu qu’il suppose au texte grec de Matthieu. Or, il faudrait supposer, dans notre cas, que le verbe hébreu était au causatif ou hiphîl. Ce que le français traduit par un verbe auxiliaire : « fais que etc. ». Mais lorsqu’il y a une négation, dit Carmignac, elle ne porte pas nécessairement sur l’auxiliaire, mais elle porte parfois sur le verbe lui-même. Pour lui, il ne faut pas traduire : « Ne nous fais pas entrer en tentation », mais « Fais que nous n’entrions pas en tentation », traduction qui cherche à dédouaner Dieu d’être l’auteur possible de la tentation.

Jean Delorme

Un autre exégète connu, l’abbé Jean Delorme († 2005), professeur à Lyon, publie en 1966 un article globalement positif sur la nouvelle traduction [19]. Mais à propos de la demande qui nous occupe, il note : « C’est ici que la nouvelle version du Pater fera le plus de difficulté » (p. 233). La traduction mot-à-mot qu’il donne du grec est la suivante : « Et ne nous introduis pas en tentation, mais arrache-nous à (l’écart du) Mal » (p. 233). Ce n’est pas cette traduction littérale qu’il proposera finalement, car il commence par se demander « Dieu pourrait-il nous y ‘introduire’ ? Il faut bien comprendre cette image d’un mouvement local et donc cette représentation de la tentation comme un lieu où l’on pénètre. Pensez à Jésus, conduit par l’Esprit au désert pour y être tenté (Mt 4,11). Ou mieux encore à la recommandation de Jésus à ses disciples à Gethsémani : ‘Priez pour ne pas entrer en tentation’ (Mt 27,41 et par.) » (p. 234). « Entrer dans la tentation », ce n’est pas nécessairement y succomber. « C’est entrer dans cette situation critique où Satan commence de nous atteindre et où nous risquons fort, à cause de notre faiblesse, de nous laisser vaincre. C’est pourquoi nous demandons à Dieu de ne pas nous y ‘introduire’ » (p. 235).

Delorme examine alors la thèse de Carmignac et constate que ce dernier identifie « entrer dans la tentation » et « succomber à la tentation ». Dès lors, Dieu ne peut pas faire entrer dans la tentation (ce qui signifie, selon Carmignac, y faire succomber), identification que Delorme hésite à faire. Or « si ‘entrer dans la tentation’ c’est risquer fort d’y succomber, mais pas encore y succomber, il est moins important de contre-distinguer entre ‘ne pas faire entrer’ et ‘faire que nous n’entrions pas’. Dieu, selon S. Paul, peut ‘permettre’ que nous entrions dans la tentation en nous donnant la force de la supporter et de pouvoir en ‘sortir’ » (p. 235).

Jean Delorme propose alors sa traduction : « Il semble, dit-il, que le français nous offre une tournure, capable de traduire la formule grecque en respectant les diverses interprétations dont elle est susceptible : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Raymond-Jacques Tournay

Dans un article de la Revue théologique de Louvain, paru en 1995, le Père dominicain Raymond-Jacques Tournay [20] († 1999), professeur à l’École biblique de Jérusalem, déclarait :

« Une vaste enquête a été faite ces dernières années au sujet de la nouvelle traduction (‘Ne nous soumets pas à la tentation’). Beaucoup d’évêques et de pasteurs l’ont jugée équivoque et inadéquate. Citons quelques appréciations de plusieurs cardinaux et de beaucoup d’évêques francophones : cette traduction est ambiguë, fâcheuse, malencontreuse, désastreuse. Des pasteurs protestants la trouvent insupportable, mauvaise, scandaleuse. André Frossard la juge intolérable. La plupart des personnes consultées pensent qu’elle suppose de la part de Dieu une certaine responsabilité dans la tentation qui mène au péché ; beaucoup préféreraient revenir aux anciennes traductions. » (p. 300)

Il évoque la solution de Carmignac, mais il ajoute : « Cette solution n’a pas été retenue, car elle ne tient pas compte du fait que la forme causative (af’el) du verbe araméen employé par Jésus et reconstituée par les meilleurs spécialistes de notre temps [21], (’al ta‘elna lenissayôn), peut avoir un sens permissif ou tolératif, comme en syriaque et en hébreu. On peut alors traduire littéralement l’araméen : ‘Ne nous laisse pas entrer dans la tentation’, et non ‘Ne nous fais pas entrer dans la tentation’ » (p. 302-303).

Et il conclut : « Ne serait-ce que pour des raisons pastorales, une révision semble s’imposer. La traduction ici proposée pour le français, est déjà celle de la Bible de Segond [22]. » (p. 306) En fait il ne s’agit que de l’édition de la Bible de Segond de 1964. Tandis que la Nouvelle Segond de 2002 traduit : « Ne nous fais pas entrer dans l’épreuve ».

La Bible de Jérusalem depuis 2000

Depuis l’an 2000, les éditions de la Bible de Jérusalem portent pour Mt 6,13 et Lc 11,4 « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » Cela est dû, sans doute, à l’influence du P. Tournay.

Édouard Cothenet

Le 24 février 2002, le P. Édouard Cothenet, ancien professeur à l’Institut catholique de Paris, à qui j’avais demandé de relire Matthieu dans la traduction liturgique en usage, en vue de son amendement, m’écrivait : « Personne n’est satisfait de la traduction liturgique : ‘Ne nous soumets pas à la tentation’. […] Au v. 13, suivre la proposition bien argumentée de R. Tournay (Revue théologique de Louvain, 1995, p. 299-306) : ‘Ne nous laisse pas entrer en tentation.’ On a un écho de cette demande en 26,41 quand Jésus dit à ses disciples : ‘Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

Jacques Dupont

Dans cette galerie d’exégètes catholiques critiquant la traduction liturgique œcuménique de la sixième demande, je voudrais évoquer en finale quelqu’un d’inattendu, car il s’agit du P. Jacques Dupont lui-même. J’ai bien connu ce confrère bénédictin, membre du monastère Saint-André auquel ma communauté est liée par les Missels de l’assemblée. Un jour, au détour d’une conversation, j’ai demandé au P. Jacques pourquoi on avait traduit « ne nous soumets pas à la tentation ». Je précise qu’à cette époque, cette traduction ne me gênait pas. Il eut cette réponse inattendue : « Ce sont les protestants qui ont insisté. » Je ne garantis pas la littéralité des paroles du P. Jacques, mais je garantis son contenu. Je précise qu’il ne s’agit pas des protestants en général mais de ceux de la commission, principalement Pierre Bonnard et probablement Oscar Cullmann [23]. Car d’autres exégètes protestants, tels Jacob, Michaeli, Prigent, Thomas étaient favorables à la formule « Ne nous laisse pas entrer dans la tentation [24]. » Dom Dupont étant décédé en 1998, ces paroles doivent remonter à il y a une vingtaine d’années. Elles marquent une distance par rapport à la traduction à laquelle il avait collaboré.

5. La Traduction Officielle Liturgique de la Bible

Entre-temps un nouvel acteur était apparu. Pendant la période où la polémique continuait, un projet, voulu par les évêques catholiques francophones, prenait forme. Il s’agissait de réaliser une traduction intégrale de la Bible en vue de son usage dans la liturgie, mais aussi dans la catéchèse et dans d’autres pratiques ecclésiales. Je voudrais évoquer maintenant le travail de la Traduction Liturgique de la Bible, travail au cours duquel on a évidemment rencontré le Notre Père.

Le projet de la TLB

Une Bible de la liturgie avait paru en 1993. Elle contenait la version intégrale du Nouveau Testament et des psaumes, ainsi que tous les passages de l’Ancien Testament utilisées dans les Lectionnaires de la messe. Mais seul un cinquième de l’Ancien Testament figurait dans cette Bible de la liturgie. Il restait donc environ 21.000 versets à traduire si l’on voulait offrir au peuple chrétien une traduction intégrale de la Bible, capable d’être proclamée et comprise à l’audition. Or c’est précisément la décision qui fut prise en 1995 par les évêques de la CIFTL, la Commission internationale francophone pour les traductions et la liturgie [25], qui rassemblait des évêques délégués par les Conférences épiscopales de la France, du Canada, de la Suisse, de la Belgique et d’Afrique du Nord, ainsi que du Luxembourg. Des équipes se mirent en place, chaque équipe comportant deux exégètes, chargés de la fidélité aux textes originaux, et deux « littéraires », chargés de la clarté et de l’élégance du texte en vue de sa proclamation publique. Au total, cela fit une cinquantaine de personnes pour l’Ancien Testament.

La traduction de l’Ancien Testament fut achevée en 2003. Entre-temps la question avait été posée aux évêques : « Faut-il en profiter pour revoir la traduction liturgique du Nouveau Testament ? ». Une consultation fut lancée en 2001 auprès d’une vingtaine de spécialistes, surtout des exégètes, au sujet de l’évangile de Marc. Les treize réponses reçues montrèrent qu’il valait la peine de se lancer dans une révision, un « toilettage », comme on l’appela, lors de la décision prise par les évêques en septembre 2002. On forma une équipe pour Marc et Matthieu, une autre pour l’évangile de Luc et les Actes, une pour l’évangile de Jean et ses épîtres, une pour les autres épîtres catholiques, une pour Paul, une pour l’Apocalypse. La mise au point de la traduction du Nouveau Testament fut achevée en janvier 2006.

On calcula que, pour l’ensemble de cette traduction de la Bible, on avait eu 70 collaborateurs ; c’est une « Septante de langue française », ce qui évoque la traduction grecque des Septante faite à Alexandrie au IIIe siècle avant J.C.

Traduction TLB de la sixième demande du Notre Père (Mt 6,13 ; Lc 11,4)

Deux équipes de la TLB allaient être confrontées à la traduction du Notre Père, celle de Matthieu et celle de Luc. Elles se trouvaient face à la traduction de 1966, précédemment approuvée pour la liturgie : « Et ne nous soumets pas à la tentation », qui avait suscité tant de débats, parce qu’elle semblait supposer que Dieu peut nous soumettre à la tentation, c’est-à-dire nous pousser à faire le mal.

Mais alors comment traduire ? La première chose à faire était de se mettre au clair sur le sens à donner au terme grec traduit par « tentation » peirasmos qui peut signifier soit épreuve, soit tentation. Déjà pour les auteurs du texte de 1966 [26], on ne peut pas traduire par « épreuve », car on ne peut pas demander à Dieu d’échapper à l’épreuve ; cela équivaudrait à vouloir sortir de la condition humaine, qui est marquée par l’épreuve, même pour le Christ. De plus, ce même terme grec est employé à propos de ce que tout le monde appelle les tentations du Christ au désert où il fut tenté par le diable. Ce sens est confirmé si on remarque que l’avant-dernière demande du Notre Père est en parallèle antithétique avec la suivante qui est : « Mais délivre-nous du mal ou du Mauvais ». Il est donc question d’une action mauvaise, et pas seulement d’une épreuve. Enfin, au jardin de Gethsémani, Jésus dit à ses disciples : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » Il ne leur demande pas de prier pour ne pas entrer dans l’épreuve, puisque celle-ci est déjà en cours, mais, au sein de cette épreuve, de ne pas entrer dans un processus qui les pousserait à faire le mal. Bref il vaut mieux traduire : « tentation » [27].

Ensuite, faut-il traduire « soumettre » ou « laisser entrer » ? Dans le texte grec, le préfixe du verbe utilisé et la préposition qui le suit sont la particule exprimant l’entrée eis. Le mouvement indiqué est donc celui de l’entrée, que le verbe soit « porter » en grec ou, en latin, « mener ». Mais puisqu’il est précédé de la négation, c’est l’entrée dans la tentation que nous demandons à Dieu de nous épargner. Pourrait-on traduire : « Ne nous introduis pas dans la tentation » ? Philologiquement, si on en reste au seul niveau du grec, c’est possible ; mais cela ne résout pas la difficulté : Dieu y apparaît comme un tentateur possible.

Il faut rappeler ici que Jésus n’a pas dit le Notre Père en grec mais, très probablement, en araméen, la langue parlée à son époque par les Juifs de Palestine.

Hélas, aucun manuscrit araméen ancien du Nouveau Testament n’est parvenu jusqu’à nous, bien que plusieurs auteurs anciens [28] évoquent un Matthieu araméen. Pourtant le texte grec des évangiles garde des traces de l’emploi de l’araméen par Jésus. Le plus connu est son cri sur la croix en Marc 15,34 :

34 Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte :
« Éloï, Éloï, lema sabactani ? »,
ce qui se traduit :
« Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi
 [29] m’as-tu abandonné [30] ? »

Ou encore Talitha koum ou Ephata.

Ou bien dans le passage du chap. 14 de Marc, parallèle à Mt 26,36-56 et à Lc 22,39-53, Jésus prie son Père en l’appelant « Père », ou plus exactement « papa », car Marc rapporte le terme araméen « Abba » prononcé par Jésus.

Marc écrit dans ce passage, où trois expressions évoquent le Notre Père :

36 Il disait : « Abba [31]… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
37 Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ? 38 Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
39 De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles. »

Les trois expressions qui évoquent dans ce passage le Notre Père sont les suivantes :

  • 1) Jésus appelle Dieu son « Père », « papa », en araméen : « Abba » ;
  • 2) « Que ta volonté soit faite ». Après une douloureuse lutte intérieure (« Éloigne de moi cette coupe »), il dit selon Marc : « non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! ».

En Matthieu 26 : 42 De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »

  • 3) « ne pas entrer en tentation ». Marc 14,38 (= Mt 26,41 = Lc 22,46) : « 38 Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation (mè eis-elthèté eis peirasmon) ». C’est le verbe grec eis-erchomai (erchomai dans certains manuscrits) qui est employé : « aller dans », « entrer dans ». à la forme du subjonctif (second). En outre, la préposition affectant le mot « tentation » est la même eis peirasmon. On est donc très proche de la formule du Notre Père.

Si l’on revient maintenant à la version grecque du Notre Père lui-même, on a le verbe : mè eisènegkèis. D’abord la négation . Puis le préfixe eis, « dans », qui est le préfixe du verbe phérô qui signifie « porter ». Puis la préposition eis « dans », au sens de l’entrée dans. Le verbe est conjugué au subjonctif aoriste second du verbe eisphérô. La traduction littérale est : « ne porte pas dans ». En latin, c’est le verbe « conduire » ducere, « n’introduis pas dans ». Or si l’on dit « ne nous porte pas dans la tentation » ou « ne nous introduis pas dans la tentation », ou, comme Luther, qui semble traduire ici la Vulgate latine : « führe uns nicht in Versuchung », on retrouve la difficulté évoquée plus haut : Dieu est un tentateur possible.

Mais cette difficulté s’estompe si on rappelle que Jésus a probablement prononcé le Notre Père en araméen et non en grec. Le mouvement indiqué est donc celui de l’entrée dans. Peu importe que le verbe soit « porter » ou, comme en latin, « conduire », ducere ; l’important, c’est l’entrée. Il faut garder ce sens-là. Mais comment faut-il conjuguer le verbe et où faut-il placer la négation ?

En araméen comme aussi en hébreu, existe, pour le verbe, un mode factitif ou permissif, qui n’existe ni en grec, ni en latin, ni en français, ni en allemand. En français, il se traduit par un auxiliaire précédant le verbe. Par exemple, « chanter » devient au factitif : « faire chanter » ou, au permissif : « laisser chanter ». Dans le cas du verbe « entrer », on a « faire entrer » ou « laisser entrer ».

Quant à la négation, elle porte normalement sur l’ensemble de l’expression verbale. Mais si l’on traduit par le factitif, on a « ne nous fais pas entrer en tentation », ce qui présente à nouveau Dieu comme un tentateur possible. En cohérence avec le reste du Nouveau Testament, il vaut traduire ici par le permissif, même si cette tournure est plus rare : « ne nous laisse pas entrer en tentation ». C’est cette formule qui a été finalement retenue par les deux équipes, celle de Matthieu et celle de Luc.

Confirmation par la traduction française du texte syriaque

La langue syriaque, pratiquée aujourd’hui encore par un certain nombre de chrétiens orientaux, est une forme de l’araméen. La traduction syriaque de la Bible, qui remonte à l’Antiquité, s’appelle la Peshitta. On dit qu’elle a été faite sur le grec et qu’elle ne remonte donc pas directement à ce qu’aurait dit notre Seigneur en araméen. Mais il est quand même intéressant de voir comment elle présente le Notre Père puisqu’il s’y trouve dans une langue qui est une forme de l’araméen. Mgr Francis Alichoran (1928-1987), qui vécut son enfance dans une communauté chaldéenne catholique du nord de l’Irak, fut ordonné prêtre à Mossoul en 1954 et devint en 1972 vicaire patriarcal de la communauté chaldéenne de France, constitua à Paris un groupe de travail pour traduire en français le texte syriaque de la Bible. Ce groupe formé de trois laïcs et d’un père Jésuite travailla de 1980 à 1987, année de la mort de Mgr Alichoran. En 2002, on a publié ses interviews sur la traduction du Sermon sur la montagne. Il demande à son équipe : à propos de notre verset : « Que dit votre traduction liturgique ? Le P. Scheffer, jésuite, répond : « Avant Vatican II, c’était : ‘Ne nous laissez pas succomber à la tentation’ ; aujourd’hui – on était dans les années 1980 –, nous avons une traduction contestée ‘Ne nous soumets pas à la tentation’. » Mgr Alichoran : « Mais c’est impossible ! Cela dénature complètement le Notre Père. Si vous voulez, il vaut mieux comprendre et traduire ainsi [le syriaque lâ’ tà’l àn l nesyonâ’) : ‘ Ne nous laisse pas entrer’ plutôt que ‘Ne nous fais pas entrer’ ‘dans la Tentation’. Mais il faut d’abord comprendre cette question d’entrer, non pas de façon abstraite […], mais de façon très concrète : Notre Seigneur quitte […] un endroit pour entrer au désert, et là, il y a la tentation […]. Il entre dans le Jardin des Oliviers, et là, il affronte la tentation. Il est donc entré dans la tentation, mais comme il est Dieu, il a pu vaincre. Nous, au contraire, […] comme nous sommes faibles, nous demandons à Dieu qu’il nous préserve d’aller là où nous risquons de tomber [32]. »

Au Luxembourg, il y a des réfugiés chrétiens venus du Proche Orient et qui disent le Notre Père en araméen. J’en ai hébergé dans notre Gîte d’étape. Pour eux, c’est le texte même prononcé par Jésus. Après tout, qui sait ?

6. La procédure d’approbation dans l’Église catholique

Les évêques catholiques des pays francophones ont eu l’occasion de voter sur ce point de manière spécifique. Le vote pour les Lectionnaires du dimanche et de la semaine, qui a eu lieu en mars 2009, fut massivement favorable, y compris, de manière spécifique, la sixième demande du Notre Père.

Lors d’une autre consultation, pour le Missel, ils répondirent massivement « Oui » à la question :

Souhaitez-vous que, après concertation avec les autres Églises ou communautés ecclésiales, la formule « et ne nous laisse pas entrer en tentation » soit adoptée pour le texte du Notre Père de la messe et passe dans l’usage courant ?

La Congrégation du Culte divin (Rome) a accepté cette formule pour la Bible (recognitio du 12 juin 2013) et pour la Liturgie de la messe (2012).

7. La concertation avec les autres Églises chrétiennes

Groupe des Dombes

Un concours de circonstances a fait que la formulation : « Ne nous laisse pas entrer en tentation », retenue par l’équipe Matthieu et l’équipe Luc de la TLB, a été présentée, à titre provisoire, au Groupe des Dombes, le 30 août 2006, donc plusieurs années avant l’approbation catholique officielle. Et elle y a reçu un accueil favorable de la part de ce groupe œcuménique qui compte 20 théologiens catholiques et 20 théologiens protestants venus de différents pays francophones (sans que l’on y procède à un vote formel). Mais déjà là, le souhait avait été exprimé que cette modification soit publiée en concertation avec les autres Églises.

On vient de voir que les évêques catholiques souhaitaient, eux aussi, cette concertation. Mais en fait, elle n’a eu lieu qu’en France, et non pas dans les autres pays francophones.

La concertation avec les autres Églises en France

Pour ce qui concerne la concertation avec les autres Églises en France, le P. Franck Lemaître dominicain, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens, mais aussi membre du Groupe des Dombes (que Mgr Le Gall m’avait demandé de contacter), m’a écrit la lettre suivante :

SERVICE NATIONAL POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS
Paris, le 7 février 2011
Frère Henri DELHOUGNE, osb
CEFTL Clervaux

Cher frère,

Je reprends contact avec vous au sujet du Notre Père et de la révision de la traduction de la sixième demande. Voici les éléments précis que j’ai pu recueillir.

Du côté protestant

Le Conseil de la Fédération Protestante de France, lors de sa réunion des 2 et 3 décembre 2010, a étudié une note demandée au pasteur Flemming FLEINERT-JENSEN (auteur d’un ouvrage sur Le Notre Père, la prière fondamentale et membre du groupe des Dombes) et en a approuvé la conclusion :

À partir des observations linguistiques sur le verbe araméen supposé sous-jacent, on peut raisonnablement proposer un choix entre « Ne nous fais pas entrer en tentation » et, comme proposé par les évêques, « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». La première formulation est plus proche de la tradition classique, la seconde contient un champ d’interprétation plus large. Nous ne voyons donc pas d’inconvénient si l’on accepte la proposition-soumise [par les évêques catholiques aux autres Églises] qui, à sa manière, reprend ce que catholiques et protestants ont longtemps dit, mais chacun pour soi : « Ne nous laisse(z) pas succomber à la tentation ».

Du côté orthodoxe

Sur demande du Métropolite Emmanuel, la Commission liturgique de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France a examiné la question de la révision de la traduction du Notre Père. Lors de l’assemblée du Conseil d’Églises chrétiennes en France du 25 novembre 2010, le Père Nicolas Lossky, président de cette Commission, a émis le souhait d’une révision intégrale de la traduction du Notre Père (d’autres formulations faisant difficulté), sans exprimer d’opposition au changement proposé par les évêques catholiques.

Il me semble donc qu’« après concertation avec les autres Églises ou communautés ecclésiales » la formule « ne nous laisse pas entrer en tentation » peut être adoptée par l’Église catholique sans créer de tensions interconfessionnelles.

Avec mes souhaits les meilleurs pour votre travail, et mes salutations fraternelles,
P. Franck Lemaître OP

Ultérieurement, la nouvelle formule catholique du Notre Père a été adoptée par le synode de l’Église protestante unie de France (Nancy 5-8 mai 2016) (qui regroupe les Réformés et les Luthériens) et recommandée par le Conseil d’Églises chrétiennes en France pour les célébrations œcuméniques à partir de l’Avent 2017.

8. La mise en œuvre dans l’Église catholique

En ce qui concerne l’Église catholique, la nouvelle formule a été introduite dans la liturgie de la messe selon des calendriers variables d’un pays à une autre : d’abord au Togo et en Belgique à la Pentecôte 2017 ; en France au premier dimanche de l’Avent 2017 ; en Suisse à Pâques 2018. Et au Luxembourg, à l’occasion de l’Octave de Notre-Dame, le 21 avril 2018.

En conclusion, je propose que nous disions ensemble la prière que le Seigneur nous a enseignée :

Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.

Cathédrale de Luxembourg, 20 avril 2018

Fr. Henri Delhougne osb
Coordinateur de la Traduction Liturgique de la Bible
Abbaye de Clervaux (Luxembourg)


[1D’après J.-Cl. DHÔTEL SJ, « Note sur les anciennes traductions françaises du Pater », dans La Maison-Dieu, no 83 (1965), p. 148-157.

[2D’après A. GEORGE, « Ne nous soumets pas à la tentation », dans Bible et vie chrétienne, no 71 (1966), p. 78.

[3« La traduction commune du Notre Père », dans Documentation catholique, 63 (1966), col. 179.

[4Unitatis redintegratio no 7.

[5Par exemple dans le premier rapport du Groupe mixte de travail Église catholique - Conseil Œcuménique des Églises du 16 février 1966, il était dit : « Dans le domaine liturgique il est souhaitable que là où les diverses confessions chrétiennes utilisent les mêmes prières (bibliques ou autres) elles puissent également disposer de textes identiques. La prière en commun en sera grandement facilitée. Que l’on pense, par exemple, à l’intérêt qu’il y aurait à avoir, dans différentes langues, des versions communes du Notre Père. Le groupe entend encourager tout ce qui pourra se faire dans ce sens », dans Documentation catholique 63 (1966), col. 524.

[6Documentation catholique, 63 (1966), col. 180.

[7J’ignore aussi si cette Commission mixte est distincte de celle qui est appelée ailleurs, de manière inofficielle, « Commission technique du Notre Père (cf. La Maison-Dieu, no 85, 1966, p. 3).

[8Documentation catholique, 63 (1966), col. 180.

[9Florian MICHEL, Traduire la liturgie : Essai d’histoire, Paris, éd. CLD, 2013, p. 109.

[10« Le Notre Père. Notes exégétiques » d’abord publié dans La Maison-Dieu, no 85, 1966, p. 7-35 Publié avec un sous-titre différent : « Le Notre Père. Commentaire exégétique » dans P. BONNARD, J. DUPONT, F. REFOULÉ, Notre Père qui es aux cieux. La prière œcuménique, Paris, Éd. du Cerf / Les Bergers et les Mages, 1968 (Cahiers de la Traduction œcuménique de la Bible 3), p. 77-115.

[11Ibid.

[12Loc. cit., p. 27-28.

[13Les « traductions récentes », citées en 1966, sont, du côté catholique, la Bible de Jérusalem 1950, la Bible Liénart, la Bible Crampon-Tricot 1952, le Nouveau Testament Osty-Trinquet 1948 ; du côté protestant, la Bible du Centenaire 1928, le Nouveau Testament (ou seulement les quatre évangiles ?) Pernot 1943. La première occurrence de cette traduction « ne nous soumets pas » semble donc se trouver dans la Bible du Centenaire de 1928 (Maurice Goguel).

[14Loc. cit., p. 28.

[15Florian MICHEL, Traduire la liturgie : Essai d’histoire, Paris, éd. CLD, 2013, p. 96-104.

[16« Dans l’épreuve de la tentation’, litt. : « Éprouvé » ou « Tenté ». Le même verbe grec peut signifier « tenter » ou « éprouver, mettre à l’épreuve ».

[17« Ma tentation vient de Dieu », litt. : « Depuis Dieu je suis tenté ».

[18Jean CARMIGNAC, dans la Revue Biblique, 72 (1965), p. 218-226. Thèse reprise dans diverses publications : Recherches sur le Notre Père, Paris, Letouzey et Ané, 1969, p. 236 sv. ; À l’écoute du Notre Père, Paris, O.E.I.L., 1971.

[19« Pour une catéchèse biblique du ‘Notre Père’. À propos de la nouvelle traduction », dans L’Ami du clergé, 75 (1966), p. 225-236.

[20R.-J. TOURNAY, « Que signifie la sixième demande du Notre-Père ? » dans Revue théologique de Louvain, 26 (1995), p. 299-306.

[21Pour justifier ce sens permissif, TOURNAY cite plusieurs auteurs de langue anglaise (G.G. Gillis, W.M. Buchan, P.S. Cameron, S.E. Porter, E. Moore) ou de langue allemande (E. Jenni). Il se réclame aussi de A. Caquot, J. Delumeau, C. Perrot, J.-L. Vesco et U. Luz. En finale, il note que Pierre Grelot n’envisageait pas ce sens permissif, dans son article « L’arrière-plan araméen du ‘Pater’ », dans Revue biblique, t. 91 (1984), p. 548 sv.

[22Ce n’était pas le cas en 1910 ni en 1944 où la Bible Segond a : « ne nous induis pas en tentation ».

[23Florian MICHEL, op. cit., p. 106.

[24Ibid., p. 100.

[25À la demande de Rome, son nom et ses statuts ont changé : elle s’appelle désormais la CEFTL, Commission Épiscopale pour les Traductions et la Liturgie.

[26Jacques DUPONT, en collaboration avec Pierre BONNARD, « Le Notre Père. Notes exégétiques », d’abord publié dans La Maison-Dieu, no 85, 1966, p. 7-35 ; puis avec le sous-titre « Commentaire exégétique » dans P. BONNARD, J. DUPONT, F. REFOULÉ, Notre Père qui es aux cieux. La prière œcuménique, Paris, Éd. du Cerf / Les Bergers et les Mages, 1968 (Cahiers de la Traduction œcuménique de la Bible 3), p. 77-115. Pour l’épreuve, cf. p. 30-31 : « Il semble difficile de revenir à ‘épreuve’ : demander à Dieu de ne pas nous soumettre à l’épreuve donnerait trop facilement l’impression qu’on souhaite échapper aux épreuves de la vie, aux malheurs, aux adversités, aux contrariétés, qui sont la petite part que nous avons à prendre de la croix du Christ. »

[27C’est aussi l’opinion de Max ZERWICK, Analysis philologica NT graeci, ad loc.

[28Papias, repris par Irénée, Eusèbe de Césarée, Jérôme, etc. Liste des citations dans M.-J. LAGRANGE, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 923, p. XI-XIX.

[29« pourquoi » : litt. : « pour quoi », « en vue de quoi » ; la question porte sur le futur ; « pour quoi » est propre à Mc ; Mt a : « pourquoi ».

[30Citation du Ps 21 (22),2 ; voir la note sur Mt 27,46.

[31Seul Marc a conservé ici ce terme araméen, qui, en réalité, signifie « Papa » et appartenait au langage des enfants. Ce mot est révélateur, chez Jésus, de l’intimité dont il jouissait auprès du Père et de la simplicité confiante avec laquelle il s’adressait à lui. C’est parce que l’Esprit de Jésus est vivant dans le cœur des croyants que ceux-ci peuvent, à leur tour, donner le même nom à Dieu (Rm 8,15 ; Ga 4,6).

[32Dans L’Évangile en araméen (Matthieu 5–7), abbaye de Bellefontaine, 2002, 161-162 ; traduction reprise dans L’Évangile en araméen selon saint Matthieu (complet), abbaye de Bellefontaine, 2017, p. 44.

 
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