Messe chrismale : tout le presbyterium et les fidèles sont invités à cette célébration

À quelques heures du début du triduum pascal, dans chaque diocèse, l’Église invite les fidèles à se réunir autour de leur évêque pour célébrer la messe chrismale. Messe de fête, célébrée en ornements blancs pour évoquer la joie, la pureté et la gloire de Dieu. De quoi s’agit-il donc ?

Originellement, la messe chrismale permettait de bénir les huiles saintes qui seraient utilisées pendant l’année pour administrer les sacrements. Le saint pape Paul VI, en 1970, y a ajouté le renouvellement par les prêtres de leurs promesses sacerdotales. Mais le personnage principal de la messe chrismale, dont la liturgie souligne l’action, n’est pas l’évêque ni les prêtres réunis, mais la personne de l’Esprit saint.

Cette célébration est particulièrement riche de signification, expliquait dans son homélie de la messe chrismale de 2005 le cardinal Giovanni Battista Re au nom du pape Jean-Paul II. Dans chaque diocèse, elle est célébrée avec solennité, parce qu’elle manifeste la communion des prêtres avec leur Évêque et que le chrême, l’huile des catéchumènes et l’huile des malades sont bénits. Au moyen de ces huiles, la grâce divine se répandra dans les âmes, apportant lumière, soutien, force et, dans le même temps, l’Église sera édifiée à travers les Sacrements. À travers les huiles agira l’Esprit saint, principe de consécration dans le baptême, dans la confirmation et dans l’ordre sacré, et effusion de miséricorde dans l’onction des malades. La liturgie de la messe chrismale exalte la dignité qui provient chez tous les disciples du Christ de leur sanctification baptismale. En effet, celle-ci révèle à nos yeux la beauté de tout le Peuple de Dieu, peuple consacré et royaume de prêtres, dans la variété de ses dons et dans l’origine commune du Baptême.

La messe chrismale, en mettant en évidence la communion de l’Église locale autour de son évêque, nous montre que l’Église est tout entière ointe (« chrismale » vient de christos (Χριστός) qui signifie « oint » et qui a donné les mots Christ et chrétiens) de la grâce du Saint-Esprit. Saint Jean-Paul II le rappelle dans sa lettre aux prêtres pour le Jeudi saint 1991 : le renouvellement des promesses sacerdotales s’inscrit dans le rite de la bénédiction des huiles saintes ; celles-ci, dans plusieurs sacrements de l’Église, signifient l’onction de l’Esprit Saint, qui vient de la plénitude du Christ.

Trois huiles différentes sont bénites ou consacrée lors de la messe chrismale. L’huile des catéchumènes sera utilisée lors des différentes prières qui précéderont le baptême des adultes. Elle accorde force et intelligence aux futurs baptisés et symbolise le combat contre le Mal. L’huile des infirmes est utilisée pour le sacrement des malades. Elle est symbole de force, pour soulager l’âme et le corps des personnes en souffrance. La troisième huile est le Saint-Chrême, utilisé pour la célébration du baptême, des ordinations et de la confirmation. Elle est l’huile la plus importante des trois, la seule à être parfumée, symbolisant notre communion avec Dieu et le Christ. Elle n’est d’ailleurs pas bénite mais consacrée, dans une forme liturgique plus solennelle que la bénédiction des huiles. L’évêque verse le baume dans l’urne, puis il dit une longue prière de consécration, pendant que tous les concélébrants étendent la main sur cet onguent. Le Saint-Chrême est le sceau de l’Esprit-Saint qui confère des grâces à trois sacrements (baptême, ordination, confirmation) qui configurent au Christ.

Au cours de la messe chrismale, traditionnellement juste après l’homélie, les prêtres du diocèse pourront renouveler leurs promesses sacerdotales. C’est l’occasion pour les fidèles d’accompagner leurs pasteurs et de prier pour eux et pour les vocations, pour que des jeunes découvrent la joie du don de soi dans la vie consacrée.