
Frère Antoine Do : « et toi, veux-tu offrir ta vie au Christ ? »
Frère Antoine est né au Vietnam. Il a été ordonné prêtre à la cathédrale de Luxembourg ce samedi 17 mai 2025 (dossier "vocations" 3/5).
C’est le 15 décembre dernier, dimanche de l’Avent dit de Gaudete, dans la chapelle du couvent de Clairefontaine, que frère Antoine Do a été ordonné diacre en vue du sacerdoce. Ce samedi 17 mai, il a été ordonné prêtre. Au sein de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, frère Antoine sera au service de notre diocèse du Luxembourg, particulièrement de la paroisse Atertdall Sainte-Claire. Nous l’avons rencontré, à Clairefontaine, le 29 avril, par une belle matinée de printemps.
Frère Antoine, vous êtes né au Vietnam. À quoi a ressemblé votre enfance ?
Frère Antoine Do. En 1954, au moment de la division du Vietnam, les catholiques du nord du pays ont émigrés vers le sud. Ma famille fait partie de cette émigration. Ceux qui sont déplacés ont fondé un village : les gens ont tout construit, maisons et église paroissiale. Ils ont creusé des canaux pour pouvoir cultiver la terre. L’église a été dévastée par la guerre mais reconstruite. Encore aujourd’hui, le village est chrétien et près de 400 personnes sont fidèles à la messe dominicale. C’est dans ce village que je suis né. La mort de ma mère, quand j’avais sept ans, a bouleversé mon existence. Nous étions cinq enfants, j’étais le deuxième, et nous avons dû prendre en main la vie quotidienne car mon père, agriculteur et vétérinaire, devait travailler.
Au village, le rythme était le même pour tous les enfants. Les cours de l’école primaire et secondaire étaient complétés par les activités de la paroisse, en particulier le catéchisme. De l’âge de six ans jusqu’à mon départ pour les études supérieures, à dix-sept ans, j’ai toujours fréquenté l’église. J’étais le plus jeune dans la principale chorale de la paroisse, mais j’aimais beaucoup cela. Ma foi se cultivait, tranquillement.
Mais le temps du séminaire n’était pas encore venu pour vous. Où avez-vous fait vos études supérieures ?
J’ai décidé d’étudier les mathématiques et l’informatique. À Saïgon, ma foi ne pouvait plus faire partie naturellement de mon agenda et j’ai appris à la prendre en main. Je suis entré dans un groupe d’étudiants catholiques, qui avaient à cœur de pratiquer leur foi et de faire du bénévolat dans les paroisses. Nous étions accompagnés par des frères franciscains et par des jésuites. Leur exemple a fait naître en mon cœur un premier désir.
Après deux ans, j’ai dû changer de campus et j’ai rejoint un foyer d’étudiants géré par des rédemptoristes. Je sentais déjà que cette vie relativement communautaire me convenait. Nous avions la messe tous les matins à 5 heures ou 5 heures 30. J’aimais l’exemple de vie que nous donnaient ces prêtres, qui étaient toujours disponibles pour nous.
Quand avez-vous réellement pris conscience de l’appel de Dieu ?
À la fin de ma troisième année d’études supérieures, je suis rentré dans mon village. J’ai naturellement été à la messe et j’en ai profité pour saluer le curé, que je ne connaissais pas. D’emblée, il m’a demandé si je voulais devenir prêtre. Et je lui ai répondu que j’y réfléchissais. Il m’a alors recommandé un foyer à Saïgon, tenu par des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus. C’est là que j’ai pu participer à un groupe de discernement vocationnel et que j’ai commencé à voir clairement les différents chemins possibles. J’arrivais à la fin de mes études et j’ai décidé de suivre la formation de la congrégation. J’aurais pu aller aux Philippines mais finalement cela a été la France, à Metz et à Paris.
Comment a réagi votre famille à l’idée de cette vocation missionnaire ?
Je suis né dans une famille très ouverte sur le monde. Quand j’ai annoncé mon départ pour la France, mon père m’a encouragé. Il m’a rassuré, il m’a soutenu.
À quoi ressemble votre vie à Clairefontaine ?
Nous avons une vie communautaire. À 7 heures, nous avons les laudes, puis la messe. Puis la liturgie des heures au fil de la journée. Nous avons également un temps d’adoration, un temps de prière personnelle.
En termes de travail, la moitié de mon temps est consacré à l’accueil des groupes, ici, au Centre spirituel de Clairefontaine. L’autre moitié se partage entre le travail en paroisse avec le père Jean-Jacques et l’accompagnement des deux séminaristes vietnamiens qui viennent d’arriver au Luxembourg.
Pourquoi avoir choisi la Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus ?
Ma dévotion au Sacré-Cœur et à la Divine Miséricorde est née en famille, quand j’étais encore petit. Nous avions l’habitude de prier neuf jours au début de chaque mois. Petit à petit, cet amour du Sacré-Cœur, qui est l’amour et la miséricorde de Jésus, s’est développé.
Quel conseil pourriez-vous donner aux fidèles du diocèse qui s’inquiètent de la baisse du nombre de vocations religieuses ?
Si nous ne semons pas, nous ne pourrons pas récolter. Une vocation doit être accompagnée dans la durée. Il faut aider au discernement et à prendre la décision. Nous sommes trop timides. Nous devons interroger les jeunes : « est-ce que tu serais intéressé par consacrer ta vie à l’Église ? » Tout le monde peut poser la question ! Il faut donner aux jeunes l’opportunité de réfléchir à ce sujet. Je voudrais demander à tous les jeunes qui liront cet article : « et toi, que veux-tu devenir ? Veux-tu offrir ta vie au Christ de manière plus exclusive ? »
La situation de l’Église au Vietnam, extrait du rapport « Persécutés et oubliés », de l’Aide à l’Église en Détresse (AED)
La mise en œuvre de la liberté religieuse a été inégale et incohérente au Vietnam. Bien que des mesures aient été prises pour faciliter l’enregistrement des groupes religieux, certains ont encore rencontré des difficultés pour s’enregistrer. Le décret 95 – un ensemble de directives pour l’application uniforme de la Loi sur les croyances et les religions de 2018, qui devait faciliter l’enregistrement des églises – a été critiqué puisqu’il permet aux gouvernements locaux de suspendre les activités religieuses pour des « violations graves » non spécifiées et sans donner de raisons. La persécution des groupes ethniques chrétiens dans les Montagnes Centrales du Vietnam a continué, avec des incidents tels que l’interruption de services religieux ou pire encore (le 4 mars 2024, la police a arrêté trois membres d’une église de maison à Ea Khit, un village dans la province de Đắc Lắk, dans les Montagnes Centrales. Y Qui Bdap, son fils Y Năm Bkrông et son neveu Y Kic ont été libérés après une semaine de prison.)
Les actions visant à faire taire les groupes non enregistrés dans la région se sont poursuivies ; en particulier, il y a eu une volonté concertée pour éradiquer l’église ethnique H’Mong fondée par le pasteur Dương Văn Minh. Des tensions persistent également au sujet des édifices religieux réquisitionnés par l’État à partir de 1954. Malgré des directives plus récentes visant à les restituer à des groupes religieux ou à un autre organisme compétent lorsqu’ils ne sont pas utilisés correctement, certaines autorités ont continué à laisser des tiers exploiter les biens de groupes religieux. L’Église catholique a connu un dégel dans ses relations avec l’État : une percée majeure a été possible grâce à son travail pendant l’épidémie de Covid-19 (par exemple, la distribution de nourriture), gagnant le respect des autorités. Les relations n’ont cessé de se développer et, en 2024, l’archevêque Marek Zalewski est devenu le premier représentant pontifical résidant dans le pays depuis 1975.
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