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Le « Statu quo » dans les sanctuaires chrétiens de Palestine

Les explications de Gilles F. Bonnaud, auteur du livre « Sanctuaires chrétiens en Palestine ottomane ».

Une échelle en bois, placée sous l'une des fenêtres de la façade de l'église du Saint-Sépulcre, sert souvent d’exemple pour illustrer le Statu quo dans les sanctuaires chrétiens de Terre Sainte, autrement dit les règles qui régissent l’usage des lieux saints entre les différentes Églises chrétiennes. La présence de cet objet est attestée depuis au moins trois siècles. Aujourd’hui personne ne sait plus à qui appartient l’échelle ou quelle communauté est responsable de la fenêtre ou de la façade. L’anecdote peut faire sourire mais le fait est que l’échelle est inamovible.

Pour comprendre cette curiosité, il faut revenir aux origines de la chrétienté. Une conférence organisée le 4 décembre par la Conférence Saint-Yves et l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem a permis de faire le point sur le sujet.

« L’histoire des lieux saints est très compliquée, avertit Gilles F. Bonnaud au début de son exposé. J’essaie de distinguer la foi de l’Histoire et de la politique. » Puis l’orateur rappelle que Jérusalem a été entièrement rasée en 70 après la mort du Christ et reconstruite par l’empereur romain Hadrien et ses successeurs à partir de l’an 130. Les travaux de reconstruction, jusqu’en 325, rendent impossible toute continuité topographique avec la Jérusalem du temps du Christ. « Ce n'est qu'à partir du IVe siècle que les chrétiens « réinventent » les Lieux saints, non pas sur le fondement de preuves archéologiques mais sur celui sur de traditions orales et de choix politiques faits par Constantin et ses successeurs », explique Gilles Bonnaud. À l’écran s’affiche une citation d’Ernest Renan : « On dirait qu’en topographie, comme en histoire, un dessein profond ait voulu cacher les traces du grand fondateur. Il est douteux qu’on arrive jamais, sur ce sol profondément dévasté, à fixer les places où l’humanité voudrait venir baiser l’empreinte de ses pieds. »

Il faut pourtant organiser les visites et les pèlerinages, en particulier au Saint-Sépulcre. Le régime actuel est fondé sur un firman* de 1757, qui donne une prééminence aux orthodoxes grecs. Le texte complet original en turc ottoman conservé à Istanbul a été édité en 2019 par les archives turques. La première traduction en français en a été faite par Nicolas Vatin en 2023 à la demande de Gilles Bonnaud.

En vertu du Statu quo, aucun clerc des six ordres chrétiens œcuméniques (grec orthodoxe, arménien apostolique, catholique romain, copte, éthiopien orthodoxe et syriaque orthodoxe) ne peut déplacer, réorganiser ou modifier quelque chose sans le consentement des cinq autres ordres. Aujourd’hui l’échelle est en place, la coexistence est pacifique. « Je crois que, avec toutes ses imperfections, le Statu quo est un gage de pérennité, estime prudemment l’ambassadeur, répondant à une question sur le traitement de la situation par le gouvernement israélien. Le problème est qu’il n’a aucune valeur juridique. Le texte est informel, il repose sur les usages, il est donc important que les différents patriarches soient unis pour que les chrétiens puissent résister ensemble. »

Les travaux menés récemment au Saint-Sépulcre sont un bon exemple de coopération réussie entre les patriarcats. Mais l’avenir est fragile et il nous appartient à tous de développer notre attachement à la Terre Sainte et renforcer ainsi notre position sur place.

* Édit, ordre ou permis d’un souverain musulman.


Gilles F. Bonnaud est diplômé en droit public et en arabe et formé au Centre de recherches et d’études arabes de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il a consacré trente années de sa vie au service extérieur de la France. Après une carrière diplomatique bien remplie, il a pousuivi un parcours académique de recherche. Doctorant à l’Université Gustave Eiffel, il mène une recherche sur les origines du Statu quo au Saint-Sépulcre. Son travail a donné naissance à un livre : Sanctuaires chrétiens en Palestine ottomane, la France et les origines du Statu quo à Jérusalem, publié aux éditions Fenêtres et couronné par le prix de Publication de Mémoire 2024.

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