Le 13 juin nous fêtons saint Antoine de Padoue. C’est le jour choisi par le Pape François depuis 2017 pour délivrer chaque année son message à l’occasion de la journée mondiale des pauvres (fixée au 33ème dimanche du temps ordinaire). Les fidèles ont ainsi le temps de méditer le texte, voire de mettre en œuvre telle ou telle action concrète qu’il aura inspiré. Vous trouverez ce texte en bas de la page. Pourquoi délivrer ce message en la fête de saint Antoine ? Parce que celui-ci est le patron des pauvres. Petit rappel de la vie de ce franciscain et histoire de sa dévotion au Luxembourg.

Né en 1195 à Lisbonne, fils d’un chevalier au service du roi, l’enfant est baptisé Fernando. Dès l’âge de quinze ans, il choisit la vie religieuse et entre dans l’ordre des Chanoines de saint Augustin. À vingt-cinq ans, il est ordonné prêtre. En 1220, il fait la rencontre des Frères de saint François. Il est très marqué par l’histoire de cinq frères martyrisés au Maroc et décide de rejoindre les Franciscains. Il obtient rapidement la permission de quitter l’ordre des Chanoines réguliers et revêt la bure de saint François au printemps 1220. C’est alors qu’il change de nom pour prendre celui d’Antoine, en souvenir d’Antoine, l’ermite et père du désert. Quelques semaines plus tard, il part pour Marrakech. Mais son séjour est de courte durée car il tombe malade et doit rentrer en Europe.

Canonisé onze mois après sa mort

Au printemps 1221, Antoine participe à la réunion du grand chapitre de la Pentecôte, qui réunit près de cinq mille frères autour de François d’Assise. À partir de septembre 1222, il est chargé de la prédication à Rimini et dans toute la région où sévissait l’hérésie cathare. Il voyage ainsi en Italie du Nord, puis au sud de la France jusqu’à Limoges. En 1223, François lui confie la mission d’enseigner la théologie aux Frères, créant ainsi, d’abord à Bologne, puis à Montpellier, Toulouse, et plus tard à Padoue, les premières écoles de théologie franciscaines. Après la mort de François, il exerça, le mandat de Ministre Provincial (c’est à dire la charge de toutes les fraternités franciscaines) de 1227 à 1230.

Il meurt le 13 juin 1231, à l’âge de 36 ans en murmurant « je vois mon Seigneur ». Antoine a été canonisé en un temps record, onze mois après sa mort, par le pape Grégoire IX, en raison de la multiplication des miracles survenus par son intercession.

La prière : une relation d’amour

Saint Antoine nous a laissé deux cycles de « sermons » si riches en enseignements que le pape Pie XII, en 1946, l’a proclamé Docteur de l’Église Universelle avec le titre de « Docteur évangélique », car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l’Évangile. Dans ses sermons, saint Antoine parle de la prière comme d’une relation d’amour, qui pousse l’homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l’âme en prière. La prière s’articule pour lui autour de quatre attitudes indispensables : ouvrir avec confiance mon cœur à la présence de Dieu ; s’entretenir affectueusement avec Lui, en Le voyant présent en moi ; Lui présenter mes besoins ; enfin, Le louer et Lui rendre grâce. Antoine écrit encore : « La charité est l’âme de la foi, elle la rend vivante ; sans l’amour, la foi meurt » (1). Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle, insiste le saint.

Le culte de saint Antoine au Luxembourg

Dans notre pays, l’église des Capucins, devenue aujourd’hui le théâtre des Capucins, a été jadis un centre important du culte de saint Antoine de Padoue, comme le rappelle le père capucin Hildebrand (2). Les Capucins, qui forment l’une des trois branches masculines de la famille franciscaine, aux côtés des Frères mineurs et des Frères mineurs conventuels, se fixèrent à Luxembourg-Ville en 1621. Le culte à saint Antoine s’y est développé et plusieurs faits sont relatés dans les archives de l’ancien couvent luxembourgeois (3). Le père Hildebrand en relève un, qui appuie la réputation de saint Antoine d’aider à retrouver les objets perdus. En 1679, la maison du Président du Conseil du Luxembourg avait été cambriolée : une partie de l’argenterie et des bijoux avaient disparu. La maîtresse de maison demanda immédiatement aux Capucins leurs prières, particulièrement pour demander à saint Antoine de Padoue de l’aider à retrouver les objets volés. Quelques jours plus tard, le soir, faisant le tour du monastère, le frère portier trouva au parloir un sac couvert de boue qui contenait les objets volés.

En cette année de la prière, il est bon de redécouvrir l’enseignement du saint patron des pauvres.